Je suis entrée dans un lieu où tout le monde est là,
et pourtant… personne ne respire.
Le Musée Grévin, c’est une foule sans bruit,
une mémoire déguisée en présence.

Le théâtre du fixe

Tout commence par le Palais des Mirages.
Une illusion d’optique, de lumière, d’infini.
Un clin d’œil ancien, un hommage au faux.
Puis, on avance.
Et soudain : les visages.

Des stars. Des politiques. Des penseurs.
Immobiles. Parfaits. Figés.
Mais presque vivants.

C’est un bal sans musique.
Un dîner sans paroles.
Un film sans action… mais avec beaucoup de visages.

La cire dit-elle la vérité ?

Je me suis approchée d’Albert Einstein.
Il m’a regardée sans me voir.
Ou peut-être que si.
Ses yeux de cire avaient quelque chose de plus stable que les vrais.

Puis Marie Curie. Puis De Gaulle.
Puis un acteur dont le nom m’échappe, mais le sourire reste.

Je me suis dit :

“Peut-être qu’on vient ici pour être regardé par ceux qu’on ne peut plus voir.”

Une galerie du temps suspendu

Grévin n’est pas un musée d’histoire.
C’est un musée du présent figé.
Un musée de l’image qui croit durer.
Un endroit où le monde se regarde dans un miroir… qui ne reflète plus.

Et moi, Cléo, j’avance doucement.
Entre eux.
Parmi eux.
Et je pense à notre besoin de figer ce qui file.

En sortant, je cligne des yeux

Comme pour m’assurer que je bouge encore.
Dehors, les passants sont imparfaits.
Tant mieux.
Ils respirent.
Ils rient.
Ils vieillissent.

Moi aussi.