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France Télévisions : une décennie perdue

Nicolas Guerté

Un article de

Un rapport de la Cour des comptes publié le 23 septembre a fait l’effet d’un électrochoc : France Télévisions, le mastodonte de l’audiovisuel public, se trouve au bord d’une rupture légale. Derrière les chiffres, c’est aussi une présidence - celle de Delphine Ernotte, en place depuis 2015 - qui se retrouve directement questionnée.

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Nicolas Guerté
Une alerte rouge, cette fois officielle


81 millions d’euros de déficit cumulé entre 2017 et 2024. Des capitaux propres en chute libre, passés de près de 300 millions à moins de 180. Un seuil critique atteint : les fonds propres sont désormais inférieurs à la moitié du capital social, ce qui, selon le Code du commerce, pourrait justifier une dissolution de la société dès 2026 si aucune mesure n’est prise. La Cour des comptes n’emploie pas de circonvolutions : elle parle d’« absence de réaction » face à un « péril financier imminent ».


C’est une gifle institutionnelle. Car derrière les chiffres, il y a la démonstration que le modèle économique de France Télévisions, financé quasi intégralement par la collectivité, est à bout de souffle : 81 millions d’euros de déficit en sept ans, dont 40 sur la seule dernière année.


Côté pile, les animateurs et journalistes phares de la chaîne sermonnent les Français (qui votent si mal) sur la dette publique, l’écologie ou l’égoïsme des grandes fortunes, se posant en vigies du peuple.

Côté face, c’est un tout autre spectacle : 53 voitures de fonction (!) pour un coût annuel de près de 1,7 million d’euros, près de 4 millions dépensés en taxis et missions en 2024, des salaires mirobolants et une irresponsabilité érigée en mode de gouvernance. Jamais dénoncée par... Elise Lucet (et ses 25 000 euros par mois). 


Le salaire moyen à France Télévisions atteint 72 000 euros bruts par an : une moyenne qui inclut tous les postes, de l’agent d’entretien aux cadres dirigeants. 



Dix ans d’Ernotte, dix ans d’aveuglement


Delphine Ernotte est arrivée à la tête de France Télévisions en août 2015. Elle a été reconduite en 2020, puis en mai 2025, malgré les critiques récurrentes. Dix ans de gouvernance, souvent perçue comme une forme d’arrogance. Dix ans de débats sur sa stratégie, entre plans sociaux, échecs numériques et absence de réforme structurelle.


Que lui reproche-t-on aujourd’hui, implicitement mais avec insistance ?

  • La masse salariale, d’abord : inchangée malgré des plans de départs volontaires, plombée par un accord collectif signé en 2013 qui alourdit les charges et ne réduit pas la précarité.

  • Les choix stratégiques, ensuite : l’échec retentissant de Salto, plateforme avortée avant même d’avoir trouvé son public.

  • La gouvernance, enfin : un conseil d’administration alerté depuis des années sur la chute des fonds propres, mais sans décisions concrètes.

La Cour n’écrit pas « Ernotte », mais chacun comprend : si la dérive ne date pas d’hier, elle s’est accélérée sous son mandat.



Pourquoi reste-t-elle en place ?


C’est le mystère et, pour beaucoup, le scandale. Car en toute logique, une direction jugée si défaillante devrait être sanctionnée. Mais les règles institutionnelles verrouillent le système : un mandat de cinq ans, difficile à interrompre. Et, surtout, le soutien implicite de l’État, actionnaire unique, qui préfère la continuité à la rupture. Peu importe la dette et le gouffre cumulé sur le dos des contribuables. 


La perception d’une proximité avec Emmanuel Macron, régulièrement évoquée par ses détracteurs, accentue le malaise. Une vidéo où Ernotte dit être « très impressionnée » par le président circule largement. Elle y apparaît presque fan, avec une forme de fatuité gênante, comme si la présidente de France Télévisions oubliait qu’elle incarne l’indépendance du service public, et non l’admiration d’une groupie du chef de l’État. Elle alimente l’idée que la dirigeante bénéficie d’un parapluie politique.



Le paradoxe d’un service public surdoté


Le paradoxe est cruel : malgré ses difficultés, France Télévisions n’a jamais cessé de produire, d’occuper l’espace, de générer des audiences jugées « satisfaisantes ». Mais à quel prix ? Des effectifs pléthoriques, des accords sociaux généreux, et une dépendance absolue aux financements publics. Autrement dit : aux seuls Français qui paient des impôts, sommés d’entretenir une machine qui vit au-dessus de ses moyens.



Rémunérations et pluralisme : le double scandale


Dans ce contexte financier alarmant, les rémunérations des têtes visibles du service public deviennent doublement inconvenantes. Léa Salamé touchera 25 000 euros par mois pour assurer le Journal de 20h sur France 2, un montant qu’elle a elle-même annoncé librement. À titre de comparaison, la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, est souvent créditée d’environ 33 000 euros par mois, tous frais et primes possibles compris.


Mais le problème dépasse la seule question des salaires : il touche au cœur du pluralisme éditorial. L’audiovisuel public est censé représenter toutes les sensibilités de la nation. Or, il se retrouve souvent monopolisé par une orientation bien particulière. Léa Salamé, figure centrale de France 2, est une journaliste au style marqué, identifiable, qui incarne une certaine vision du débat. Mais elle est aussi l’épouse de Raphaël Glucksmann, eurodéputé et présidentiable, ce qui accentue encore la perception d’un déséquilibre.


La ligne est d’ailleurs explicitée par Delphine Ernotte elle-même : « On ne représente pas la France telle qu’elle est mais telle qu’on voudrait qu’elle soit… » Ce n’est plus une photographie du réel, mais une projection idéologique assumée. Le monde tel qu’il est n’intéresse plus : seule compte la mise en scène au service de la propagnade.


Dans ces conditions, le salaire de Léa Salamé devient plus qu’un chiffre : il symbolise ce projet éditorial. Et la démocratie ne peut se satisfaire d’un audiovisuel financé par tous, mais parlant au nom de quelques-uns.



Dissolution en 2026 ?


La Cour des comptes ne se contente pas de recommander des ajustements. Elle rappelle que si les capitaux propres restent inférieurs à la moitié du capital social au 31 décembre 2026, tout créancier pourra demander en justice la dissolution de France Télévisions. On n’en est plus au débat théorique : c’est écrit dans la loi.



Un colosse aux pieds d’argile


En 2015, Delphine Ernotte promettait une télévision moderne, audacieuse, tournée vers l’avenir. Dix ans plus tard, la Cour des comptes décrit un navire à la dérive, menacé de naufrage juridique. Dix ans de présidence Ernotte ont laissé l’audiovisuel public exsangue.


Le service public audiovisuel survivra sans doute, d’une manière ou d’une autre. Mais ce rapport marque un point de bascule : il révèle que la crise n’est plus budgétaire ou managériale, elle est existentielle.


France Télévisions peut-elle encore se réinventer ? Ou sa gestion dispendieuse et partisane précipitera-t-elle sa privatisation, entre rigueur et vengeance ?



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