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Kanchha Sherpa, le dernier souffle de l’Everest

Frison Gaspier

Un article de

Il était le dernier témoin d’une histoire que le monde entier croyait connaître. Kanchha Sherpa, dernier survivant de l’expédition qui atteignit le sommet de l’Everest en 1953, s’est éteint à 92 ans. Dans sa disparition, c’est un pan du XXᵉ siècle qui s’efface : celui où l’on gravissait les montagnes pour s’élever, non pour se montrer.

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Frison Gaspier
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En France, le mot “Himalaya” évoque spontanément un exploit national : l’Annapurna. En 1950, Maurice Herzog et Louis Lachenal deviennent les premiers hommes à gravir un sommet de plus de 8 000 mètres. Leur victoire sur la montagne devient un mythe, et le livre de Herzog, Annapurna, premier 8000, un succès planétaire. Dans les années d’après-guerre, cette conquête résonne comme une revanche sur l’impossible.


Herzog écrira : « Nous étions partis les mains vides et revenus riches d’un trésor sur lequel nous vivrions le reste de nos jours. » Mais pendant que la France célébrait “son” Himalaya, le monde entier regardait ailleurs : vers un autre sommet, un nom plus haut, plus symbolique, plus universel... l’Everest.



1953 : les hommes du toit du monde


Le 29 mai 1953, l’expédition britannique menée par John Hunt atteint le sommet de l’Everest avec Edmund Hillary et Tenzing Norgay. Dans l’équipe, un jeune porteur de 19 ans : Kanchha Sherpa, natif du village de Namche Bazaar. Il ne posa pas le pied sur le sommet, mais il fut l’un de ceux qui permirent que d’autres y arrivent. Le dernier survivant de cette aventure aura consacré sa vie à rappeler que « la montagne n’appartient à personne ».


Dans ses rares entretiens, il confiait sa peine face à ce qu’est devenue la montagne sacrée : « Aujourd’hui, il y a trop de monde au sommet. Les gens jettent leurs boîtes de conserve, leurs emballages… Qui viendra les ramasser ? » Et plus loin : « L’Everest est notre plus grand dieu. On ne devrait pas salir les dieux. » Ces mots, simples et justes, rappellent à quel point la modernité oublie vite ceux qui la portent.



Les Sherpas, héros de l’ombre


Dès les premières expéditions, qu’elles soient françaises à l’Annapurna ou britanniques à l’Everest, les Sherpas ont été indispensables. Ils portaient, guidaient, soignaient. Ils faisaient ce que d’autres racontaient. L’histoire a retenu les noms des chefs, rarement ceux des marcheurs silencieux. Gaston Rébuffat disait pourtant : « La gloire du sommet ne vaut rien sans ceux qui la rendent possible. »


Ces hommes, souvent pauvres, risquaient leur vie pour permettre à des étrangers de toucher le ciel. Beaucoup sont morts sans statue, sans livre, sans photo. Et dans les camps d’altitude, leur courage reste la pierre invisible sur laquelle l’alpinisme s’est bâti.



De l’épopée au commerce


Soixante-dix ans plus tard, le rêve s’est mué en industrie. L’Everest se réserve en ligne. On y grimpe avec guide, oxygène, connexion satellite et file d’attente. Chaque année, les mêmes images : des cordées qui s’étirent sur l’arête sommitale, et des Sherpas qui portent, montent, redescendent, parfois jusqu’à la mort. Ils sont devenus la main-d’œuvre du rêve des autres, usés comme des kleenex par des fortunes en mal de frisson.


Kanchha, lui, s’était retiré depuis longtemps de cette agitation. Après vingt années d’expéditions, il avait ouvert une auberge dans son village natal. Là, il servait du thé, racontait les neiges d’avant et répétait inlassablement : « Le vrai sommet, c’est celui qu’on atteint sans écraser personne. »



L’humilité des cimes


Dans sa disparition, c’est une certaine idée de la montagne qui s’éteint : celle du respect, du silence, de la lenteur. L’époque où l’on grimpait pour se mesurer à soi, non pour collectionner les exploits. « Une page de l’histoire de l’alpinisme vient de disparaître avec lui », a déclaré Phur Gelje Sherpa, président de l’Association népalaise de l’alpinisme.


Kanchha Sherpa n’a jamais cherché la gloire, seulement la justesse. Son regard semblait dire que la montagne n’était pas un trophée, mais une école d’âme. En cela, il aura touché un sommet plus haut que tous les autres : celui de la dignité humaine.



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