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La musique avant la musique : quand l’humanité s’inventa un langage des dieux

Igor Sifensarc

Un article de

À Jérusalem, un orgue fabriqué en France au XIᵉ siècle a retrouvé un souffle. L’instrument des Croisés, endormi depuis mille ans, s’est remis à vibrer comme une relique sonore d’un autre âge. Ce réveil n’est pas seulement une anecdote archéologique : il nous rappelle que la musique, plus que tout autre art, défie le temps. Qu’elle naît avec l’homme et ne cesse de l’accompagner, qu’elle soit battement primitif, prière rituelle ou symphonie divine.

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Igor Sifensarc
Quand l’homme inventa le son organisé

Bien avant l’écriture, avant même que les hommes n’érigent des temples ou des murailles, ils avaient déjà trouvé le chemin de la musique. Dans une grotte allemande, on a retrouvé une flûte taillée dans l’os d’un vautour, vieille de plus de trente-cinq mille ans. Les archéologues l’ont portée à leurs lèvres, et les sons qui en sont sortis étaient plus qu’un écho : une preuve. L’humanité, dès son enfance, a voulu transformer le bruit en langage, le souffle en mélodie.


Partout sur les continents, des traces surgissent : tambours africains sculptés dans des troncs évidés, arcs musicaux d’Amazonie, pierres sonores d’Asie ou coquillages soufflés comme des trompes dans le Pacifique. Chaque peuple, sans s’être concerté, a inventé sa manière de rythmer l’existence. On ne connaît pas de civilisation muette : toutes, sans exception, ont joué, chanté, battu des mains ou frappé le sol pour transformer la vie brute en forme musicale.



Le rythme, mathématique de la nature

Avant même de sculpter des flûtes ou de tendre des cordes, l’homme avait déjà en lui le premier instrument : le cœur. Sa pulsation régulière, implacable, est la première leçon de rythme. Viennent ensuite les pas qui martèlent le sol, les danses autour du feu, les mains qui s’entrechoquent.


Le rythme, c’est la nature rendue perceptible : la marée qui monte et se retire, le jour qui succède à la nuit, la pluie qui frappe la terre. Bob Marley l’avait bien compris : son reggae épouse les battements du cœur, ralentit le flux du monde pour le ramener à l’essentiel, comme si la musique n’était qu’un retour à la pulsation primitive de la vie.


Les anciens Grecs avaient déjà perçu cette vérité : la musique obéit aux nombres. Pythagore calculait la longueur des cordes pour en déduire l’harmonie des sons, persuadé que le cosmos tout entier vibrait sur une partition cachée. Le rythme est une équation, une architecture invisible qui organise le chaos. Mais il n’est pas seulement calcul : il envoûte, il entraîne, il rassemble. Les tambours de guerre comme les battements du jazz rappellent que l’homme, au fond, a besoin d’ordre pour oser plonger dans la transe.



La mélodie, poésie de l’âme

Si le rythme est une marche, la mélodie est une envolée. Elle n’obéit pas seulement aux lois du nombre : elle raconte, elle caresse, elle console. Le premier instrument mélodique, c’est la voix humaine. Elle a chanté bien avant de parler, comme si l’homme avait eu besoin de poésie avant même de trouver des mots. La berceuse qui apaise l’enfant, le chant funèbre qui accompagne les morts, la psalmodie qui invoque le ciel : toutes les civilisations ont confié à la mélodie la part la plus fragile et la plus haute de leur existence.


Elle n’est pas mathématique mais narrative. Là où le rythme ramène à la terre, la mélodie ouvre vers l’infini. C’est pourquoi elle suscite tant d’images : elle imite le souffle du vent, l’élan de l’oiseau, la plainte de l’amant. Elle est cette part irréductible de poésie qui fait que la musique ne se réduit jamais à une mécanique. Une simple suite de notes, mais qui, en s’agençant, bouleverse un cœur.



Musique et sacré

Nulle part la musique n’est née profane. Elle fut d’abord offrande, prière, incantation. Les Grecs la plaçaient sous l’égide d’Apollon et d’Orphée, maîtres capables d’enchanter les bêtes et d’adoucir les pierres. Les chamanes de Sibérie, frappant leur tambour, ouvraient par le son la voie vers les esprits. Les moines du Moyen Âge, eux, ont construit l’architecture du chant grégorien comme on dresse une cathédrale de voix.


De l’Océanie à l’Amazonie, de l’Afrique à l’Europe, la musique est toujours convoquée pour franchir une frontière : celle qui sépare le visible de l’invisible. Elle élève l’homme vers le divin, ou appelle le divin à descendre parmi les hommes. Plus qu’un art, elle fut longtemps un rite — et peut-être le demeure, chaque fois qu’un silence s’installe avant que ne jaillisse le premier accord.



Philosophie de l’universel musical

Pourquoi la musique est-elle partout, toujours, depuis les grottes paléolithiques jusqu’aux casques audio de nos métros ? Peut-être parce qu’elle incarne ce que l’homme cherche sans relâche : l’unité. Elle relie les corps dans la danse, les âmes dans le chant, les peuples dans l’hymne. Elle dit à la fois l’ordre mathématique du monde et l’élan poétique de l’esprit. Elle est à la croisée du rationnel et du sensible, du terrestre et du céleste.


Nietzsche avait raison d’écrire que « sans la musique, la vie serait une erreur ». Mais on pourrait aller plus loin : sans la musique, l’humanité n’aurait peut-être jamais appris à se reconnaître elle-même. Car elle n’est pas seulement un divertissement, ni même un art. Elle est le langage premier, celui qui ne ment pas, celui qui traverse les frontières et les époques.


Ainsi, quand un orgue croisé du XIᵉ siècle reprend souffle à Jérusalem, ce n’est pas seulement une relique qui chante : c’est la voix millénaire de l’humanité, rappelant à chacun que nous sommes des êtres de sons autant que de chair. Et que si les dieux ont un langage, il ressemble sans doute à cela : une musique qui ne s’éteint jamais.



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