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đŸ‡źđŸ‡±đŸ‡”đŸ‡ž IsraĂ«l-Gaza : le dĂ©bat impossible

François Singer

Un article de

Chacun s’indigne. Mais pas du mĂȘme crime. Depuis le 7 octobre, le conflit IsraĂ«l-Gaza n’est plus un sujet, mais un sĂ©isme. Une faille qui traverse les familles, les plateaux, les partis, les consciences. Il y a ceux qui commencent l’histoire le 7 octobre. Ceux qui la commencent il y a soixante-quinze ans. Ceux qui, entre les deux, en font leur miel. Et tous les autres, souvent sincĂšres, qui ne veulent voir que la moitiĂ© de l’horreur.

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François Singer
Quand chacun choisit son aveuglement

Le 7 octobre 2023, le Hamas attaque IsraĂ«l. Les images sont insoutenables. Civils massacrĂ©s, enfants assassinĂ©s, femmes violĂ©es. C’est un pogrom, dit-on. Et c’en est un. Un crime de guerre, une attaque terroriste Ă  grande Ă©chelle. Mais trĂšs vite, le rĂ©cit se dĂ©double. À Gaza, les reprĂ©sailles s’abattent avec une violence inouĂŻe : bombes, hĂŽpitaux dĂ©truits, immeubles effondrĂ©s, pĂ©nurie d’eau, famine. Les morts se comptent par milliers. Le bilan est contestĂ© ? Il est surtout dĂ©niĂ©. Les journalistes sont interdits ou aux ordres. Les uns brandissent les images des kibbutz dĂ©vastĂ©s. Les autres celles des enfants ensevelis sous les gravats. Car chacun regarde ce qu’il veut voir. 



L’indignation sĂ©lective

La gauche militante crie au gĂ©nocide, parfois au risque de nier les crimes du Hamas. La droite conservatrice dĂ©fend IsraĂ«l “par principe”, comme rempart occidental, quitte Ă  ne jamais Ă©voquer la dĂ©tresse palestinienne. Les deux camps ont leur vocabulaire. Les “colonies”, les “otages”, les “martyrs”, les “terroristes”. Et la mĂȘme tentation de trier les victimes. Une femme tuĂ©e n’a pas le mĂȘme statut selon qu’elle meurt Ă  SdĂ©rot ou Ă  Rafah. Un enfant, pas le mĂȘme visage selon qu’il est juif ou arabe.


Dans les mĂ©dias, les mots sont pesĂ©s Ă  la virgule. Certains osent “rĂ©ponse disproportionnĂ©e”, d’autres restent figĂ©s dans “lĂ©gitime dĂ©fense”. Il y a ceux qui floutent les corps, et ceux qui floutent les causes. Il y a surtout ceux qui n’écoutent plus rien. Ou ceux qui savent
 dans une pensĂ©e rĂ©flexe, conditionnĂ©e, presque infantile. L’intelligence, pourtant, est rarement hĂ©miplĂ©gique.



Le piĂšge du camp


Peut-on encore dire les deux vĂ©ritĂ©s en mĂȘme temps ?

Que le Hamas est une organisation terroriste et que les civils de Gaza sont massacrés ?

Que les otages IsraĂ©liens doivent ĂȘtre libĂ©rĂ©s et que l’enfermement de tout un peuple depuis si longtemps est un boomerang criminel ?

Rares sont ceux qui tiennent cette ligne. Car la nuance, aujourd’hui, est suspecte. Elle est vue comme un compromis lñche, une trahison potentielle.


On s’adosse Ă  son camp comme Ă  une barricade. On prĂ©fĂšre avoir tort avec les siens que raison seul. On craint de “donner des arguments” Ă  l’adversaire, comme si les faits eux-mĂȘmes n’étaient dĂ©jĂ  assez laids.



L’impossible dĂ©bat


Dans les universitĂ©s, les salles de rĂ©daction, les rĂ©seaux sociaux, le conflit ne se discute pas : il s’impose. Un mot mal choisi, et vous voilĂ  taxĂ© d’antisĂ©mitisme ou de complicitĂ© terroriste. Un soutien mal dosĂ©, et l’on vous accuse de racisme, de colonialisme, d’apologie du crime. Certains artistes se taisent, d’autres s’expriment, mais tous savent que le feu couve sous chaque phrase.


Le dĂ©bat, le vrai, celui qui affronte les contradictions sans les fuir, est devenu impossible. Pas par censure - encore que - mais par peur. Peur de choquer. Peur d’ĂȘtre rĂ©duit Ă  un mot. Peur d’ĂȘtre broyĂ© par la meute.


Alors, on ne débat plus. On communique.

À la place des idĂ©es, des postures. À la place des dialogues, des slogans. On pourrait en rire, s’il n’y avait pas l’indĂ©cence.


Les uns se filment en selfie, posant fiÚrement dans des road boats grotesques censés braver le blocus, pour quelques likes de plus dans leur CV militant.

Les autres, comme le ministre Jean-NoĂ«l Barrot, orchestrent un tweet solennel sur le largage français d’aide humanitaire, 20 tonnes de vivres et mĂ©dicaments selon le communiquĂ©, l’équivalent d’à peine deux camions. Utile et dĂ©risoire.


Mais l’important n’est pas ce qui est fait. L’important, c’est ce qui est vu.

On gesticule. On signe des tribunes. On se filme en avion, en gilet, en drapeau. On se donne de l’importance.



La Palestine, vraiment ?


MĂȘme la reconnaissance de la Palestine par plusieurs pays europĂ©ens, dans ce contexte, Ă  ce moment prĂ©cis, n’échappe pas au soupçon. Car en vĂ©ritĂ©, l’État de Palestine n’a jamais existĂ©.


Ni comme royaume, ni comme rĂ©publique souveraine, ni mĂȘme comme État reconnu par la communautĂ© internationale avec frontiĂšres, armĂ©e, monnaie et institutions stables.

Il y eut un mandat britannique, des promesses, des cartes et des discours... mais jamais de réalité politique pleine et entiÚre.


D’oĂč ce soupçon lancinant : et si cette reconnaissance symbolique n’était, lĂ  encore, qu’un geste creux destinĂ© Ă  flatter les postures, sans rien changer au fond ? Elle a le parfum d’une opĂ©ration symbolique, d’une dĂ©claration sans consĂ©quences, d’un geste aussi tardif qu’inoffensif !


Le dĂ©bat meurt. ÉtouffĂ© sous les communiquĂ©s, les hashtags, les petites mises en scĂšne de vertu.



Ce qu’il reste


Ce qu’il reste, ce sont les morts. RĂ©els, eux. Palestiniens, IsraĂ©liens, civils, soldats, enfants, vieillards.

Ce qu’il reste, c’est une haine qui traverse les frontiĂšres, qui couve dans les Ă©coles, les citĂ©s, les dĂźners, les urnes.


Et quand les voix s’élĂšvent sans trop savoir que dire, elles agitent, comme un talisman usĂ©, la solution des deux États.

ReconnaĂźtre la Palestine. RĂ©unir les deux peuples, chacun chez soi, chacun libre. Un rĂȘve raisonnable, en thĂ©orie. Une utopie tragique, en pratique.


Car cette solution a Ă©tĂ© tuĂ©e. LittĂ©ralement. Avec Yitzhak Rabin, abattu en 1995 par un extrĂ©miste juif, parce qu’il voulait justement cela : la paix.

AprĂšs lui, l’Histoire a rebroussĂ© chemin. Le Hamas a gagnĂ© les Ă©lections Ă  Gaza, IsraĂ«l a continuĂ© les colonies en Cisjordanie, Benjamin Netanyahou a consolidĂ© son pouvoir en jouant le choc des blocs.


Ces colonies, disséminées comme des avant-postes de défi, sont devenues des métastases politiques.

Elles rendent toute séparation illusoire. Elles étouffent la géographie et nourrissent la haine.

Il serait malhonnĂȘte de nier que Netanyahou porte une part de responsabilitĂ© dans l’impasse actuelle.



Au réel de la Vérité


Mais la vérité va plus loin.

IsraĂ«l, c’est Ă  peine moins de dix millions d’habitants.

Un territoire de 22 000 kmÂČ, Ă  peine la taille de la Sardaigne. Six cents fois plus petit que les 13,5 millions de kmÂČ pour l’ensemble des pays arabes environnants !


Autour, dix-huit pays arabes - des centaines de millions de personnes - dont certains extrĂȘmement riches, comme le Qatar, l’Arabie saoudite, les Émirats...


Un peu moins d’argent pour le PSG, un peu plus pour la paix ?

Le drame palestinien pourrait trouver issue si ces puissances le voulaient vraiment. Si des hommes de bonne volontĂ©, attachĂ©s au rĂ©el, Ă  la sĂ©curitĂ© et Ă  la vie, dĂ©cidaient d’imposer une sortie. Ce serait difficile. Mais ce serait possible.


Alors pourquoi rien ne bouge ?

Parce que ce statu quo arrange beaucoup de monde.

Il nourrit les discours, les budgets militaires, les réélections faciles, les chaĂźnes d’info, les idĂ©ologues en mal de causes, les islamistes en quĂȘte de martyres, les stratĂšges en quĂȘte de diversion.

C’est un conflit figĂ©, mais rentable.



Quel chemin pour demain ?


Je souris, ou du moins j’essaie, quand j’entends tant de certitudes assĂ©nĂ©es d’un ton docte sur ce conflit.

Quand je vois cette jeunesse, si sĂ»re d’elle, embrasser une cause qu’elle croit limpide.

Mais que sait-elle, vraiment, de ce territoire ?


A-t-elle foulé le désert de Judée ?

A-t-elle mangĂ© un falafel Ă  HaĂŻfa, le jour d’aprĂšs, dans le silence d’un trottoir endeuillĂ© ?

A-t-elle arpentĂ© les ruelles brĂ»lantes de JĂ©rusalem, partagĂ© un couscous improbable avec une famille palestinienne d’HĂ©bron, entendu la peur, l'amitiĂ© aussi ?

Moi, je l’ai fait. À plusieurs reprises.

Des semaines entiÚres à marcher, à écouter, à douter.

Et aujourd’hui, la seule chose dont je sois sĂ»r


C’est que je ne sais toujours rien.


Je repense Ă  1987 puis Ă  1989.

J’avais vingt ans, jeune journaliste, et je couvrais la premiùre Intifada.


"J’ai vu un bulldozer se frayer un chemin vers une colonie, en Ă©crasant sans hĂ©siter le jardin d’une famille palestinienne.

J’ai vu les enfants avec leurs pierres, debout sur leur terre, comme pour retenir l’inĂ©vitable.

Et j’ai vu l’armĂ©e, lĂ -haut, immobile, jumelles en main. Non pas absente, mais complice par passivitĂ©. Elle regardait. Elle savait. Elle laissait faire.


J’ai vu le dĂ©sert reverdir, irriguĂ©, rationalisĂ©, exportĂ© dans sa logique occidentale, productiviste, tournĂ©e vers les rendements et le marchĂ©.

Quel courage, quel labeur, quelle leçon d’espĂ©rance et de dĂ©termination.

Et juste Ă  cĂŽtĂ©, les tentes des BĂ©douins, vivant d’autarcie, de troupeaux, d’ombre, dans une forme de prĂ©sence si dĂ©ffĂ©rente, orientale, fragile.

Deux mondes, cÎte à cÎte, mais pas à égalité.


Et peut-ĂȘtre, au fond, deux imaginaires irrĂ©conciliables.

Pour beaucoup de juifs, la Terre promise est une femme. Une terre qu’on conquiert, qu’on chĂ©rit, qu’on Ă©pouse.

Pour les Palestiniens, la patrie est une mùre nourriciùre. Une terre qu’on habite, qu’on partage, qu’on ne vend pas.

On peut partager sa mĂšre.

Mais jamais son épouse."


Le reportage s’appelait : « Quel chemin pour IsraĂ«l ? »


Rien n’a changĂ©.

Ou plutÎt si : tout a empiré.

C’est toujours l’impasse.



Aujourd’hui, je ne crois plus à une solution à deux États.


Je ne crois plus à rien, en vérité.

Rien, sinon que les discours sonnent creux dùs qu’on regarde vraiment.

Et que les slogans n’ont jamais empĂȘchĂ© une mĂšre d’enterrer son fils.


Je ne crois plus qu’on puisse forcer la paix lĂ  oĂč la haine a pris racine.

Alors j’ose une idĂ©e, immorale, que je dĂ©teste moi-mĂȘme :

faut-il imaginer, ailleurs, un vrai territoire pour les Palestiniens ?

Parce que celui qu’on leur promet n’existe plus que sur des cartes fantîmes.

Serait-ce moins juste
 mais ( enfin ) plus vivable ?


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