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19 août : le jour suspendu

Luna Myriandreau

Un article de

Il existe des dates qui s’imposent à nous comme des tambours : le 14 juillet, le 11 septembre, le 25 décembre. Elles brillent ou elles blessent, mais elles marquent. Et puis il y a les autres jours, ceux qui s’effacent à peine inscrits, qu’on traverse sans y penser. Le 19 août appartient à cette famille des anonymes.

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Luna Myriandreau

Ne m’en veuillez pas si vous êtes né ce jour-là. Vous avez, vous, offert à cette date une densité, un visage, une raison d’être. Mais pour le reste du monde, le 19 août demeure un creux, un intervalle. Il est ce silence du calendrier qui n’appelle ni fête nationale, ni jour férié, ni souvenir obligé.



Le temps faible

Un 19 août, midi sonne comme un temps en apesanteur. Les routes sont encore un peu vides, les plages commencent à se clairsemer, les bureaux hésitent entre ronronnement des climatisations et absence de conversations. Le 15 août est déjà loin, la rentrée pas encore là. C’est l’instant de la latence, cette seconde où l’archet n’a pas encore touché la corde, où l’air hésite à vibrer.


Les sociologues l’appellent “temps mort”. Les philosophes parlent de vacuité. Mais ce que nous appelons “vide” n’est peut-être qu’un espace laissé disponible. Dans nos vies saturées d’alertes et de notifications, un jour qui ne dicte rien est presque une provocation.


Le succès planétaire de l’ASMR (Autonomous Sensory Meridian Response, littéralement une « réponse sensorielle autonome » déclenchée par des sons minuscules, chuchotements ou froissements) dit bien notre besoin paradoxal de trouver du sens dans le presque rien.


Le néant sonore est devenu produit. Le presque rien se consomme comme un bien rare. Voilà peut-être ce qu’incarne un 19 août : une journée où l’absence d’événement devient, en soi, un objet.



Le seuil invisible


Le 19 août est un seuil. Ni l’été flamboyant, ni l’automne discipliné. Les valises traînent dans les couloirs, les cahiers attendent d’être ouverts, les décisions sont reportées. Le temps flotte, suspendu entre deux états.


L’anthropologue Mircea Eliade parlait de “liminalité” : ces moments de passage où l’on n’appartient plus à l’ancien monde sans encore entrer dans le nouveau. Le crépuscule, le seuil d’une porte, la frontière entre veille et sommeil. Le 19 août appartient à cette famille : une zone grise, entre chien et loup, souvent négligée, mais fertile pour la réflexion.



Quand l’Histoire s’empare des jours creux


Car il arrive que même les dates sans éclat contribuent à la bascule.


Le 19 août 1944, Paris se soulève : les premiers coups de feu claquent, les barricades s’élèvent, la Libération commence. Ce sera pour plus tard.

Le 19 août 1991, Moscou s’éveille encerclée par des chars : un coup d’État maladroit tente de renverser Gorbatchev. Trois jours plus tard, l’URSS s’effondre.


Deux 19 août, deux moments de bascule. La preuve que l’Histoire peut soudain faire irruption dans les jours qu’on croyait inutiles.


Et qui sait si ce 19 août 2025, au lendemain de la rencontre entre Trump, Zelensky, Macron et toute la clique rassemblée à Washington, ne portera pas lui aussi ce vertige ? Serons-nous suspendus, entre guerre et paix, entre l’illusion d’un répit et la crainte d’une escalade ? L’entre-deux prend alors une dimension géopolitique : la diplomatie elle-même ressemble à ce calendrier flottant, où tout peut se jouer ou ne rien décider.



La valeur du vide


Il faut apprendre à regarder le creux. Les musiciens savent que sans silence, il n’y a pas de mélodie. Les peintres savent que sans blanc, il n’y a pas de perspective. De même, une civilisation se mesure autant à ses sommets qu’à sa capacité à ménager des vides.


Le 19 août ne brille pas. Mais il nous rappelle qu’un jour peut être précieux par son absence de programme, de mot d’ordre, de commémoration. Dans une époque qui veut assigner une “journée mondiale” à chaque geste - du chien, du sommeil, de la frite - il offre l’audace de ne rien imposer.



Le 19 août ne sert à rien. 


Et c’est peut-être pour cela qu’il mérite qu’on s’y arrête. Parce qu’un jour vide peut devenir seuil ou tremplin. Parce qu’un jour creux peut soudain peser plus lourd que les pleins. Parce qu’au fond, dans le grand agenda des certitudes, ce sont les trous qui nous permettent de respirer.


Et si le 19 août devenait, enfin, "la journée mondiale du temps suspendu" ?


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Les autres jours « inutiles » du calendrier
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Il y a les dates qui s’imposent - 14 juillet, 11 novembre, 1er janvier - et celles qui s’effacent. Entre les unes et les autres, un abîme : de la mémoire nationale à l’oubli collectif. Le 19 août appartient à cette seconde catégorie, mais il n’est pas seul. Tout au long de l’année, le calendrier recèle des jours sans relief, sans drapeau, sans mémoire partagée. Des journées qui ne s’accrochent à rien, sinon à la succession des heures.

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