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Les couloirs de la bêtise

François Singer

Un article de

Vous vous dites de gauche. Ou de droite. Ou modéré. Que sais-je ? Surtout pas les extrêmes, faut pas exagérer. Très bien. Mais encore ?

Quand tout a changé autour de vous ( les discours, les combats, les priorités ) que reste-t-il de ce que vous pensez ? Des idées ? Des convictions ? Ou juste un réflexe, une appartenance, une fidélité sans objet ?

Ce texte ne parle pas de politique. Il parle de vous.

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François Singer
C’est vous qui ne voulez plus penser.


Il y a, dans le vote, dans l’opinion, quelque chose de plus intime qu’on ne le dit. Un goût d’enfance. Un héritage de table familiale. Une façon d’être au monde.

On était “de gauche”, ou “de droite”, comme on était catholique, laïc, pour les verts ou pour les Girondins. On le restait. On le répétait.

Et puis les années ont passé.


Les partis ont viré. Les doctrines ont fondu. L’époque a balayé les certitudes.

Mais vous, non. Vous avez persisté.

Vous avez continué à croire que votre camp disait encore ce que vous aviez choisi à vingt ans. Vous avez fermé les yeux sur ses reniements.

Vous avez approuvé ce que vous auriez dénoncé hier, simplement parce que cela venait des vôtres.


Ce texte ne parle pas de politique. Il parle d’un refus.

Celui de penser à nouveau.

Celui de regarder en face ce que vous êtes devenus.

Celui de sortir, enfin, du couloir.



La fidélité à son camp, ou l’éloge de la paresse


Rien n’est plus confortable que d’avoir déjà choisi. On n’a plus à réfléchir. Il suffit de suivre. Derrière chaque fidélité politique, il y a d’abord une dévotion. Un geste hérité. Un élan d’appartenance. Il y a ce bulletin de vote déposé « comme d’habitude », cette opinion répétée sans la confronter, cette peur d’être seul à penser autrement. Il y a l’idée qu’on trahirait ses parents, ses anciens, ses amis, si l’on commençait à douter.


La fidélité devient une paresse. Une commodité. Une routine tribale et cognitive. Elle dispense d’examen, de lecture, de doute. Elle protège de l’effort de penser. Elle donne le sentiment d’être dans le bon camp, même quand celui-ci n’a plus de boussole.

“La paresse est mère de toutes les fidélités.”



Quand les camps changent, mais pas les disciples

Faut-il le signaler ? J’ai, dans mon métier de journaliste, regardé sans en manquer aucun, pendant trente ans, les Questions au Gouvernement. Pas toujours brillant ! Et je peux en témoigner : jamais les discours n’ont autant divergé des actes. Jamais la confusion des camps n’a été si complète.


Il y a ceux qui tournent leur veste.

Ceux qui s’en prennent une… ou préfèrent changer de chemise.

Et ceux qui se font offrir des costumes...


La droite, autrefois gaullienne et souverainiste, a cédé l’énergie, les autoroutes et les fleurons industriels sans combattre.

La gauche, qui défendait la nation contre les marchés, a signé tous les traités qu’elle dénonçait la veille.

Les écologistes, eux, parlent d’empreinte carbone comme des comptables, et confient la nature aux géants du GAFAM.


Chacun a changé de décor, de vocabulaire, parfois même de logiciel, mais sans jamais oser le dire à ses électeurs. Et pourtant, les mêmes fidèles. Les mêmes votes. Vous reconnaissez l’étiquette, et cela vous suffit.


Ce ne sont plus les idées que vous défendez. Ce sont vos souvenirs. Vos réflexes. Vos appartenances. Vous croyez être constants. Vous êtes devenus complices d’un récit que vous ne contrôlez plus.



Voici quelques-uns des renversements idéologiques les plus flagrants :


Liberté d’expression

Les gauches libertaires des années 70 dénonçant la censure devenues parfois partisanes du contrôle des paroles « dangereuses » (lois, universités, plateformes) ; et inversement, des droites conservatrices jadis moralisatrices devenues défenseuses de la liberté d’expression « totale » sur X ou sur CNews !


Police et justice

La droite vantait jadis la fermeté judiciaire… et dénonce aujourd’hui un « gouvernement des juges » dès que la justice touche à l'un de ses amis.

La gauche dénonçait les prisons comme inhumaines, et réclame aujourd’hui des sanctions exemplaires : moins pour les crimes de sang que pour des adversaires pris la main dans le pot ! Drôle de hiérarchie d'une justice aux ordres. 


Immigration

Le PS de Rocard déclarant que « la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde » (1989) ; la droite accueillant les « boat people » vietnamiens en 1979 ; et l’actuelle confusion et déni, entre humanisme et fermeture, racisme et immigration, en fonction de ceci ou cela, postures aveugles et sourdes dans les deux camps. 


Famille et bioéthique

La droite défendait le modèle familial traditionnel mais est devenue libérale sur la GPA/PME pour raisons de marché ; la gauche, autrefois méfiante vis-à-vis des biotechnologies, les promeut désormais au nom de l’égalité. 


Mondialisation et libre-échange

La gauche a parfois soutenu l’ouverture des marchés au nom du progrès international, alors que la droite protectionniste des années 70 défendait l’industrie nationale… avant de s’inverser dans les années 2000.


Europe

La gauche souverainiste des années 70 s’est fondue dans le libéralisme eurobéat de la droite giscardienne, pendant que la droite gaullienne s’opposait à Maastricht… avant de se rallier pour mieux grimper les échelons.


Écologie

Les partis de gauche n’ont longtemps pas intégré l’écologie (les Verts étaient moqués dans les années 80), alors qu’une partie de la droite agricole avait une culture de la nature et du terroir ; aujourd’hui, l’écologie et la ruralité ne sont ni défendues par les Verts - que l’on dit « pastèque », verts à l’extérieur et rouges à l’intérieur - ni par personne... mais par le "Green Deal" de l’Europe, qui nous pollue de normes et a jadis saboté notre énergie nucléaire "décarbonée" au profit du charbon allemand !


“Le fanatisme est la seule énergie qu’on puisse entretenir sans carburant.”


Convenez-en, et croyez-moi : ils ont tous dit tout et le contraire de tout, si l’on raisonne sur une ou deux générations. 



Soit vous avez aussi changé d’avis. Soit vous avez cessé d’en avoir.


Ce n’est plus une conviction. C’est une habitude. Une dévotion. Une superstition sans dieu. Vous appelez cela fidélité.

Vous pensez ne pas trahir, puisque vous êtes restés du même côté.

Mais c’est justement l’inverse !


Vous n’avez cessé de trahir ce que vous croyiez défendre.

La justice, la vérité, l’humain, l’ordre, la liberté, l'Europe…

Ces mots-là n’ont pas bougé. Mais ceux qui les brandissent, oui.


Une gauche de façade, réduite à quelques postures morales et à la gestion du réel. Et une gauche de barricade, qui se caricature elle-même dans le vacarme, les aboiements, et la soumission rituelle à son mollah violent.

Une droite Potemkine, toutes les droites, qui rejoue l’autorité pendant qu’elle cède sur tout et surtout l'essentiel.

Et un centre qui ne centre plus rien : simple chambre d’enregistrement d’un marché devenu roi. Le centre serait modéré ? Mais ce quils appellent "libéralisme" est bien la forme la plus extrême, la plus violente, la plus dérégulée du capitalisme. Le vrai nom serait brutalité


Et vous applaudissez, encore. Vous demeurez euro-béat. 

Parce que c’est votre camp. Parce que c'est un beau projet, dit-on.

Parce que vous confondez la loyauté avec l’aveuglement.


Et si vous écoutiez, vraiment, ce que votre camp dit aujourd’hui, avait prédit hier ? Peut-être seriez-vous surpris. Peut-être même horrifiés.


Peut-être qu’à force de vouloir rester fidèle, vous avez oublié à quoi.

Penser, ce n’est pas trahir une cause. C’est refuser de se trahir soi-même.

Parce que la vérité ne court pas en ligne droite.

Parce qu’il est temps de sortir du couloir.



Penser, c’est trahir

“Il n’est pas difficile de mourir pour une idée. Ce qui est difficile, c’est de changer d’idée.”

Albert Camus


Un jour, vous avez compris que penser, vraiment penser, c’était peut-être vous trahir vous-même.


Car il en faut du courage pour se retourner sur soi. Pour relire ses choix. Pour dire : je me suis trompé. Ou pire encore : j’ai été trompé.


La fidélité partisane vous a épargné ce vertige.

Elle vous a offert un récit continu, un fil rouge.

Peu importe que le décor ait changé, que les acteurs jouent une autre pièce...


Mais non.

Vous, vous êtes à vie contre la droite, la gauche, le centre ou le RN.

C’est devenu votre dernier argument.

Peut-être même le seul ?

C’est assez faible, non ?


Et dire que je vous croyais intelligent…


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🪓 Vous avez changé d’idée, mais pas de tête
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J’ai demandé à mon anagramme préféré, Igor Sifensarc, de m'inspirer.

Il a repris le même sujet, mais avec son style à lui : grinçant, excessif, sans filtre.

Moi, je suis resté raisonnable dans l’article principal.

Lui, il peut se permettre d’être plus libre...


Voici donc la version Igor. Si vous vous sentez visé, c’est peut-être que vous l’êtes !

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