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Ponts de la démesure : la Chine défie la nature.

Frison Gaspier

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“Si tu ne peux franchir la montagne, fais-la plier.” Proverbe chinois

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Frison Gaspier
Un frisson, une ligne, une décision. 


C’est souvent ainsi que commencent les grands ouvrages. Une autorité trace un trait sur une carte, et des milliers d’hommes, de grues, de foreuses, de machines intelligentes se mettent en marche. En Chine, ce trait devient destinée.


En 2024 et 2025, deux ponts ont vu le jour qui semblent défier les éléments : l’un court sur la mer entre Shenzhen et Zhongshan ; l’autre plane au-dessus du vide, au sommet du Grand Canyon de Huajiang. Deux géants. Deux visions. Une même logique : relier ce que la nature avait séparé.



La mer, déjà vaincue


Le Shenzhen-Zhongshan Link est un métissage de technologie et de volonté politique. Long de 24 km, il alterne ponts, tunnels sous-marins, îles artificielles et autoroutes surélevées. Construit en seulement sept ans, il relie deux points-clés de la Greater Bay Area, cette mégapole tentaculaire qui rassemble plus de 86 millions d’habitants. En franchissant la mer, il abolit deux heures de détours routiers.


Mais au-delà de la prouesse, c’est un langage. Chaque section étanche, chaque jointure sismique, chaque fibre optique intégrée dans le béton parle de contrôle. "Le sage gouverne en épousant le cours de la rivière, mais il construit des digues quand le courant se fait traître", dit un vieux lettré du Guangdong. Ici, le courant est devenu route. Et le désir, autoroute.



La montagne éventrée


Encore plus étrange, presque vertigineux, le pont du Grand Canyon de Huajiang ne relie pas des villes puissantes, mais des mondes oubliés. Dans le Guizhou, une province montagneuse, pauvre et longtemps marginalisée, un tablier s’est hissé à 625 mètres au-dessus du vide. Le pont le plus haut du monde.


Pour y parvenir, la Chine a scié la montagne. Littéralement. Un tunnel a été creusé à l’explosif, un flanc raboté, les éboulis recyclés pour couler le béton du tablier. En bas, les rizières se taisent. Au sommet, des capteurs mesurent le vent, la tension des câbles, les micro-déformations de l’acier. "C'est là que l'homme se fait dieu", écrivait Mo Yan. Ici, il se fait géomètre.



Le grand art de relier


Il ne s’agit pas seulement d’avancer. Il s’agit de tout connecter. Routes, villes, bases de données, portails douaniers, surveillance embarquée… Dans ces ponts passent des voitures, oui. Mais aussi des paquets d’informations, des instructions, des yeux invisibles.


En Chine, chaque infrastructure est aussi une mécanique d’ordre. Chaque colonne érige une fidélité. Chaque ouvrage devient énoncé. À travers eux, le pouvoir dit : « Regardez ce que nous pouvons faire. Et comprenez ce que vous devez suivre. »



La fascination sans aigreur


Il serait vain de railler ces colosses au nom d'une quelconque démocratie des formes. Là où la France a mis plus d’un siècle à imaginer un tunnel sous la Manche, la Chine perce les mers en sept ans.

Là où le viaduc de Millau déploie sa flèche unique avec une grâce quasi religieuse, le pont de Huajiang file au-dessus du vide, deux fois plus haut que la Tour Eiffel, sans autre justification que celle du possible.


Oui, hier, nous avions su construire nos chefs-d’œuvre : les barrages alpins, l'autoroute A75, les courbes du pont de Normandie.

Mais nous avons perdu quelque chose.

L’envie, le courage, l’élan de bâtir.

L’argent pour le faire ? Peut-être. Mais pas seulement.

Nous nous excusons. Nous ne décidons plus seuls.

Sommes-nous désormais sous tutelle ? Depuis quand ?



Le vertige et la voie


Le plus impressionnant, dans ces projets de Chine, n’est pas leur taille. C’est leur vitesse. Leur confiance. Leur capacité à écraser l’hésitation. Et cela nous interroge. Car il ne s’agit pas seulement de ponts. Il s’agit de visions du monde. L’une lente, délibérative, à la recherche du consensus. L’autre directe, linéaire, toute tendue vers le but.


"On juge la hauteur d'un pont à ce qu'il relie, pas à ce qu'il domine."
Le proverbe n’est peut-être pas chinois. Mais il mériterait de l’être !


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