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2025, année zéro pour l’eau ?

Irène Adler

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Il a plu, c’est vrai. L’hiver dernier fut arrosé, généreusement même, dans plusieurs régions françaises. Certains y ont vu un répit. D’autres, un leurre. Car à peine le printemps entamé, la sécheresse a repris ses droits, silencieuse et tenace.

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Irène Adler

En ce début d’été 2025, les signes sont là : nappes qui s’affaissent, rivières aux débits faméliques, préfets qui dégainent arrêtés de restriction. Le pays entre dans une nouvelle saison de tension hydrique. Et cette fois, même les nappes profondes sont concernées.


Selon le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM), établissement public chargé du suivi national des nappes phréatiques, près de la moitié des réserves souterraines affichaient début juin un niveau inférieur à la normale, parfois très bas. « Les pluies hivernales ont permis une recharge correcte, mais localisée », indique le bulletin du 1er mai publié par l’organisme. Dès le mois de mars, la tendance s’est inversée. Les apports printaniers, pourtant décisifs pour constituer les réserves estivales, ont été très insuffisants sur la majorité du territoire.


Les conséquences sont déjà visibles. Trois départements sont placés en état de crise : les Pyrénées-Orientales, les Deux-Sèvres et l’Hérault. Dans ce dernier, des mesures strictes sont en vigueur depuis le 26 juin : interdiction d’irrigation en journée, limitation du lavage des véhicules, fermeture de certains usages industriels.


Huit autres départements, dont la Charente, la Charente-Maritime, le Lot, le Tarn, la Drôme, l’Ardèche, le Var et la Vienne, sont en alerte renforcée, avec des restrictions horaires ou des coupures anticipées. Une vingtaine d’autres, du Centre-Ouest aux contreforts alpins, sont déjà placés en vigilance.


Pourtant, dans les grandes métropoles, tout semble couler de source. À Paris, on lave les rues, on remplit les piscines, on arrose les espaces verts. Lyon, Strasbourg ou Bordeaux ne connaissent, pour l’instant, aucune mesure contraignante. Les élus y prônent la sobriété, publient des schémas directeurs de l’eau, s’opposent politiquement aux projets de bassines agricoles. Mais l’eau continue d’arriver au robinet, limpide et pressurisée, comme si de rien n’était.


Ce paradoxe commence à peser. Car pendant que les villes s’affichent en vitrine de la vertu écologique, ce sont souvent les zones rurales qui paient la facture de la rareté. Là où les nappes sont pompées, où les ruisseaux s’assèchent, où les cultures grillent sous le soleil de juin.


Face à cette tension croissante, le gouvernement a dégainé un décret d’urgence, signé le 14 mars dernier et publié discrètement au Journal officiel. Ce texte encadre désormais l’usage d’eaux impropres à la consommation humaine, eaux usées traitées, pluviales ou de process industriel, pour certains usages agricoles, d’arrosage ou de nettoyage. L’objectif est clair : limiter le recours à l’eau potable en période de tension, sans tout interdire.


Mais sur le terrain, les acteurs agricoles s’interrogent. Les infrastructures de réutilisation sont rares, les normes complexes, les autorisations longues à obtenir. Le syndicat des irrigants de Nouvelle-Aquitaine, dans un communiqué daté du 12 juin, regrette une « avancée symbolique sans moyens concrets pour les exploitants ». L’association France Nature Environnement, elle, souligne que « le décret ne règle rien tant que les prélèvements hivernaux ne sont pas sérieusement encadrés ».


C’est dans ce climat d’improvisation réglementaire que refait surface la controverse des bassines. Ces réserves artificielles, destinées à capter l’eau en hiver pour irriguer en été, divisent profondément. En Poitou-Charentes, où une trentaine de projets sont à l’étude, les manifestations de Sainte-Soline ont marqué les esprits, au-delà même des frontières agricoles.


Pour leurs défenseurs, les bassines sont une réponse technique au déficit estival. Pour leurs opposants, elles incarnent un accaparement de la ressource par une minorité. En filigrane, c’est donc moins l’efficacité écologique qui est contestée que le principe même d’une gestion différenciée de l’eau : ici le stockage, là la privation. Le soupçon d’injustice l’emporte souvent sur l’intérêt environnemental. 


La question, en réalité, n’est pas uniquement technique. Elle est politique. Qui doit adapter ses usages en premier ? Faut-il restreindre les arrosages en campagne quand les fontaines, à usage récréatif, coulent en ville ?


Peut-on demander aux agriculteurs d’utiliser des eaux usées sans les y aider ? Et jusqu’à quand la France pourra-t-elle faire l’économie d’une stratégie nationale cohérente sur l’eau, sans tomber dans le réflexe local ou l’arbitrage préfectoral à vue ?


L’eau ne manque pas toujours. Mais elle n’est plus là où elle était. Elle arrive trop vite, s’évapore trop tôt, ruisselle au lieu de s’infiltrer. Et ce qu’il manque le plus, peut-être, ce n’est pas la pluie, mais le sens du partage. L’intérêt général. La capacité de faire nation. Et, avec elle, le respect d’une autorité qui ne soit pas décrétée, mais méritée. Autant dire que ce n'est pas gagné. 


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Ce que l’IA voit… quand elle scanne la carte de l’eau
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