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🐕 À contre-poil : le mythe du “chien gentil”

Nicolas Guerté

Un article de

À Auxerre, un homme a Ă©tĂ© retrouvĂ© mort, le visage dĂ©vorĂ© par son propre chien. Un drame aussi rare qu’atroce, mais rĂ©vĂ©lateur d’un tabou trĂšs français : notre incapacitĂ© Ă  admettre qu’un chien reste un animal, et qu’un animal peut basculer. Entre les « n’ayez pas peur, il est gentil » et les poussettes pour toutous, la France s’abandonne Ă  un dĂ©ni confortable qui finit par devenir dangereux.

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Nicolas Guerté
Un drame qui fissure la lĂ©gende du “gentil chien”


Le rituel est immuable. Un chien approche, un maĂźtre sourit, et la phrase-reflexe tombe : « N’ayez pas peur, il est gentil. » Comme si ces mots suffisaient Ă  annuler l’instinct, la peur, la douleur, la surprise. L’affaire d’Auxerre n’invalide rien : elle rĂ©vĂšle seulement ce que l’on prĂ©fĂšre ignorer. Nous humanisons nos chiens au point de leur prĂȘter des intentions morales. On les photographie comme des enfants, on leur parle comme Ă  des bĂ©bĂ©s, on dĂ©fend leur rĂ©putation comme celle d’un proche. Critiquer un chien devient critiquer son maĂźtre. Et dans cette confusion affective, le rĂ©el disparaĂźt.



Le déni confortable des maßtres


En France, il existe une forme de lobby sentimental autour du chien. Il n’a ni porte-parole ni structure ; il agit dans les rĂ©flexes, dans les excuses, dans la certitude que l’animal a toujours raison. S’il mord, c’est « forcĂ©ment » que quelqu’un l’a provoquĂ©. S’il fonce sur un joggeur, « il veut jouer ». S’il blesse un enfant, « il a eu peur ». S’il dĂ©range des voisins, « c’est normal, c’est un chien ». Certains le promĂšnent en poussette ; d’autres refusent obstinĂ©ment la laisse au nom de « sa libertĂ© », au mĂ©pris de celle des humains en face. Comme les fumeurs d’hier, ils imposent sans le voir et s’irritent qu’on ose se plaindre.



Quand l’instinct bascule

Les comportementalistes sont formels : un chien n’attaque presque jamais sans raison. Mais cette raison n’est pas toujours visible, comprĂ©hensible, rationnelle. Une douleur passĂ©e inaperçue, un bruit soudain, un geste trop rapide, un enfant imprĂ©visible, un maĂźtre distrait. À l’Ɠil humain, tout semblait calme ; pour le chien, la tension montait depuis longtemps. Et cela suffit : en France, entre 200 000 et 500 000 personnes sont mordues chaque annĂ©e. Dix mille morsures - dont prĂšs de 90 % sont infligĂ©es par des chiens rĂ©putĂ©s « gentils » - se terminent aux urgences sans que cela n’émeuve vraiment. Les dĂ©cĂšs restent rares (33 en vingt ans), mais les vies marquĂ©es Ă  jamais par un chien « qui n’avait jamais fait ça avant » sont innombrables.



Aboiements, crottes, morsures : le coût invisibilisé


Le chien est le « meilleur ami de l’homme », mais souvent un voisin, un passant ou un enfant pourraient en dire autrement. Les trottoirs saturĂ©s de dĂ©jections, les aboiements qui rythment les nuits d’immeubles, les joggeurs poursuivis, les cyclistes mordus, les facteurs agressĂ©s, les enfants qui apprennent Ă  « ne pas courir » pour ne pas dĂ©clencher un chien laissĂ© libre
 Tout cela compose un paysage acceptĂ© par fatalisme. La libertĂ© du chien passe avant la tranquillitĂ© des autres. C’est exactement la logique des fumeurs d’hier : la gĂȘne ne venait pas de la fumĂ©e, mais de ceux qui la refusaient.



Réapprendre à voir un animal


Le vĂ©ritable enjeu est lĂ  : redonner au chien sa nature entiĂšre. Ni monstre, ni enfant. Ni peluche, ni divinitĂ© domestique. Un animal - un vrai - capable du meilleur comme du pire. Le rĂŽle d’un maĂźtre responsable n’est pas de rĂ©pĂ©ter que son chien est gentil. Son rĂŽle est de se comporter comme si, un jour, peut-ĂȘtre, il pouvait mordre. Car oui, il peut mordre. Tous les chiens peuvent mordre. Sans prĂ©venir. Sans raison perceptible par un maĂźtre, toujours dĂ©passĂ© quand cela arrive, toujours prompt Ă  l’excuser ensuite. C’est cela, la prĂ©vention : non pas dramatiser, mais accepter l’animal pour ce qu’il est. C’est respecter sa nature
 et la vulnĂ©rabilitĂ© des autres. Et c’est peut-ĂȘtre, au fond, la forme la plus authentique d’affection : lui rendre sa vĂ©ritable nature.



Cesser d’ĂȘtre aveugles


On ne demande pas Ă  la France d’avoir peur de ses chiens. On lui demande d’arrĂȘter d’ĂȘtre aveugle. Le drame d’Auxerre restera, espĂ©rons-le, une exception absolue. Mais tant que le rĂ©flexe dominant restera « n’ayez pas peur, il est gentil », nous continuerons Ă  empiler les signaux d’alerte, les nuisances banalisĂ©es, les morsures minimisĂ©es. Le chien n’y est pour rien. C’est notre regard qui est fautif. Et Ă  force d’excuser l’animal, les maĂźtres finissent comme des pyromanes surpris que la flamme brĂ»le.



Commentaires (1)

François Singer
François Singer
19 nov.
‱

Un article courageux et instructif.

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Il y a un dĂ©tail qui ne trompe jamais. Juste aprĂšs l’incident - morsure, frayeur, enfant bousculĂ©, joggeur coincĂ© contre une grille - le silence ne dure jamais longtemps. TrĂšs vite, avant mĂȘme de prendre des nouvelles de la personne en face, la machine se met en route : celle de l’autojustification. Le maĂźtre n’a pas vu, n’a pas anticipĂ©, n’a pas retenu, mais il sait dĂ©jĂ  quoi dire.

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