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À quoi sert l’école ?

Irène Adler

Un article de

Chaque rentrée rejoue le même théâtre : ministres sous préau, micros tendus, enfants cartables au dos, journalistes aux aguets. Le rite est immuable, comme si l’école restait l’alpha et l’oméga de la République. Mais une question hante le cahier de textes : à quoi sert encore l’école ?

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Irène Adler
Les hussards en RTT

Il y eut un temps où les « hussards noirs » de Péguy dressaient l’école comme un rempart. Aujourd’hui, l’escadron s’est dispersé. Les uns s’égarent dans les congés maladie, les autres s’épuisent dans les classes ingérables, et beaucoup préfèrent baisser les yeux : défendre l’exigence républicaine est devenu un risque, presque une témérité.


Allègre promettait de « dégraisser le mammouth ». On a préféré l’embaumer : couches de règlements, strates de circulaires, sédiments de comités. L’école a perdu son souffle. Jadis sanctuaire républicain, elle  s’est muée en musée de la woke-République : collection de slogans, accumulation de culpabilités, oubli de la mission d’instruire.


Les progressistes d’hier, qui se rêvaient réformateurs, baignent désormais dans le formol comme de vieilles reliques pédagogiques.



La promesse égarée


À l’origine, l’école devait instruire : lire, écrire, compter, transmettre une culture commune. Elle devait former des citoyens éclairés, capables de débattre, de voter, d’exercer leur raison. Mais, comme l’a écrit Pierre Bourdieu, elle s’est muée en « machine à reproduire les inégalités ».


Le mécanisme est désormais bien rodé. D’un côté, les enfants bien nés - bourgeoisie progressiste, souvent de gauche, et familles catholiques de droite plus traditionnelles - trouvent refuge dans le privé. Là, les notes subsistent, l’exigence aussi, et l’autorité n’a pas totalement disparu.

De l’autre, dans le public, on confond bienveillance et renoncement : suppression des notes pour ne pas « décourager », programmes allégés pour ne pas « stigmatiser », pédagogie horizontale censée mettre tout le monde au même niveau.


Résultat : au lieu de corriger les écarts, le système les creuse.

Les « héritiers » conservent l’avantage, les autres s’enlisent dans un univers scolaire où le principal objectif est de ne froisser personne. Le classement PISA confirme cette dérive : la France recule, surtout pour les élèves les plus modestes. Le bulletin de l’institution se résume à un verdict lapidaire : mission initiale ratée.



Former à quoi ?


La moitié des métiers de demain n’existent pas encore. Pourtant, les programmes continuent de ressembler à des archives jaunies. Régis Debray ironisait déjà : « On apprend à nos enfants des choses qu’ils n’auront jamais à faire, et on ne leur apprend pas ce qu’ils auront à faire tous les jours. » L’école disserte encore sur la tragédie racinienne quand la société réclame une initiation au numérique, à l’économie, à l’intelligence artificielle. On parle d’« éducation civique » alors que l’autorité s’est dissoute dans la pédagogie molle. 



L’enfant roi et les mamans gestionnaires


Philippe Meirieu rêvait d’une pédagogie de l’émancipation. Elle a viré à la négociation perpétuelle. L’élève est devenu client, roi capricieux d’une entreprise scolaire. Une mauvaise note se conteste comme une facture d’artisan. Les « mamans gestionnaires » bombardent de mails les enseignants, réclament des explications, corrigent les appréciations. Résultat : des profs paumés, oscillant entre mission éducative et service après-vente.



Une garderie nationale


Réformes après réformes, ministres après ministres - six en trois ans : Pap Ndiaye, Gabriel Attal, Amélie Oudéa-Castéra, Nicole Belloubet, Anne Genetet et désormais Élisabeth Borne - un record de non-persévérance, de non-implication, d’absence de cap et de cohérence... 


L’école s’est peu à peu muée en grande garderie républicaine. Huit heures par jour, cinq jours par semaine, elle occupe les enfants pour permettre aux adultes de travailler ou d'aller au fitness. Elle remplit une fonction sociale indéniable, mais elle ne forme plus. Comme l’a avoué un inspecteur général, « nous faisons semblant d’enseigner, les élèves font semblant d’apprendre ». 


Mais la ministre éjectable, elle, ne fait même plus semblant. Dès sa nomination, Élisabeth Borne reconnaissait, avec une franchise confondante : “Je ne crois pas qu’on attende d’un ministre qu’il soit un spécialiste de ses sujets.” Magnifique allégorie de la logique en place : choisir les moins armés pour guider les autres.


Et quelle audace symbolique d’avoir placé à l’Éducation nationale une femme sans enfant. La ministre n’élève pas d’enfant, l’école n’élève plus d’élèves : cohérence parfaite !


Reste la manière : sans souffle, sans verve, sans conviction. Chaque rentrée, le discours ministériel ressemble à une dictée sans rature… mais sans idée. Une copie propre, lisse, fade, où la platitude tient lieu de vision. Là où d’autres nations - les États-Unis par exemple - enseignent l’art de l’éloquence, la maîtrise de l’oral, la prise de parole publique, nous continuons à bégayer.


Quand les lycéens américains s’exercent à convaincre, à débattre, à manier déjà l’intelligence artificielle, les nôtres apprennent surtout à contourner, à ruser, à se méfier. Tout y respire la peur : peur d’essayer, peur d’échouer, peur même de gagner.



La mauvaise copie de la République


L’école française se rend sa propre copie, soigneusement présentée, marge respectée, sans tache d’encre… mais sans vision. Une dictée bien calligraphiée qui n’enseigne rien, sinon la médiocrité.


Bulletin scolaire de l’Éducation nationale – Année 2025 :

  • Français : maîtrise de l’écriture inclusive moins approximative que celle de l'orthographe. Aucune éloquence. L’oral est négligé, l’expression réduite à des communiqués plats. Appréciation : peut parler plus fort mais manque de vocabulaire.

  • Mathématiques : savoir faire des additions de circulaires, soustraire les heures de cours, multiplier les réformes. Mais incapacité chronique à diviser autrement qu’entre public et privé. Appréciation : résultats artificiels.

  • Histoire-Géographie : récit national brouillé, mémoire parcellaire, shoahs et goulags oubliés, géographie réduite aux sigles européens. Appréciation : manque de repères.

  • Sciences : l’intelligence artificielle existe, mais on préfère apprendre à la contourner plutôt qu’à l’utiliser. On stigmatise les écrans, on confisque les téléphones : c’est l’outil qui est coupable. Appréciation : vit dans un autre siècle.

  • Éducation civique : autorité disparue, règles négociables, sanctions symboliques. Appréciation : élève dissipé. Adolescent boutonneux.

Moyenne générale : 6/20.


Appréciation du conseil de classe : « Élève sérieux dans la forme, mais sans souffle, sans ambition, sans vision. Mission républicaine non comprise. Peut mieux faire… mais n’essaie même plus. »


Note finale : 3/10

Commentaire du professeur de 2025 : « Pas si mal. À deux points près, nous avions la moyenne ! »



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