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Brégançon, plage de rage

Frison Gaspier

Un article de

Chaque été, on y revient. Le fort est toujours là, planté sur son rocher comme un président en vacances : inamovible, entouré d’eau salée, de gendarmes, et d’interprétations. Il y a la mer, les cigales, et les rumeurs en guise de parasols...

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Frison Gaspier

Cette année encore, Emmanuel Macron a jeté l’ancre au fort de Brégançon, résidence présidentielle depuis 1968 et théâtre estival des passions tricolores. L’homme s’y repose, dit-on. Mais la République s’échauffe sur les réseaux. Qui paie ? Combien d’enfants ? Et cette piscine, c’est encore pour nous ?

On a voulu en rire, en écrire, en raconter. Et remettre un peu de vérité au cœur du décor.


Brégançon n’est pas un palace. Ce n’est même pas un hôtel. C’est une forteresse de poche, posée à trente-cinq mètres au-dessus de la Méditerranée, reliée à la terre par une digue et protégée comme une épave de guerre.


À l’intérieur, un bastion militaire taillé dans la roche, quelques casernements, une poudrière désaffectée et, depuis 2018, une piscine hors-sol qui fit davantage de remous dans les esprits que dans l’eau. Coût : 34 000 €. Objectif : éviter que des gendarmes passent leurs journées en mer à scruter l’horizon pour protéger le président d’un drone ou d’un voilier trop curieux. À 60 000 € la surveillance navale estimée chaque été, l’affaire semblait rentable. Mais en France, toute décision présidentielle est perçue comme une provocation. Le chlore a coulé, les tweets aussi.


Brégançon, c’est aussi un plan Vigipirate à lui tout seul : deux pelotons de gendarmerie, deux équipes de la Garde républicaine, un patrouilleur de la Marine, et un périmètre d’exclusion de trois kilomètres. Quand le président est là, même les goélands ont besoin d’un badge. Et cette année, comme souvent, le président ne fait pas qu’y dormir. Il télétravaille, il consulte, il se montre discret… et surtout, il ne reste pas jusqu’à fin août, mais seulement jusqu’à la mi-août. Car malgré les rumeurs, Macron ne fait pas bronzette jusqu’à la rentrée. Il est attendu à Paris, convoqué par l’actualité, ou parfois happé par la symbolique du 15 août.


Alors bien sûr, certains s’offusquent. D’autres s’offrent des certitudes. « Il paie tout ! », entend-on. Sauf que non. Le fort, propriété de l’État, est mis à disposition du président, comme il l’était pour ses prédécesseurs.


Il ne le loue pas, n’en règle ni l’entretien, ni la sécurité, ni les frais de réception. Le simple fonctionnement du site coûte à la République près de 400 000 euros par an, chauffage, personnel, maintenance, sans compter les aménagements ponctuels ou les dispositifs de sécurité maritime.


Seules quelques dépenses personnelles, lorsqu’elles sont dûment identifiées comme telles, peuvent faire l’objet d’un remboursement symbolique, mais rien de cela ne figure noir sur blanc. La Cour des comptes publie chaque année un rapport budgétaire sur l’Élysée : on y trouve des chiffres, des totaux, parfois même des précisions. Mais de là à parler de transparence exhaustive, il y a un cap, un pic… que dis-je, une péninsule.


En 2019, Macron y reçut Poutine, comme d’autres avaient accueilli Helmut Kohl ou Condoleezza Rice. Mais le sommet des souvenirs reste sans doute cette Pentecôte 1976, quand Giscard invita Chirac à Brégançon. Les Chirac durent s’asseoir sur des tabourets pendant que le président occupait les fauteuils. Le professeur de ski nautique fut invité au dîner. Quelques semaines plus tard, Chirac démissionnait. Giscard, piqué au vif, fit diffuser une vidéo où l’on voyait Jacques, l’air détendu, bien assis. Mais la République tient parfois à peu de choses : un protocole, un geste, une chaise.


Et cette année encore, les familles recomposées ont le dos large. Les Macron sont venus avec les deux filles de Brigitte, Laurence et Tiphaine, accompagnées de leurs cinq enfants. Ni sept, ni trois de plus. Mais les chiffres, comme les fantasmes, aiment s’arrondir. On les gonfle comme des bouées. Et dans cette mer d’indignation, les réseaux sociaux s’échappent plus vite qu’un pédalo sans rame. Tarascon n'est pas si loin.


Brégançon, au fond, n’est pas un lieu. C’est un miroir. Certains y voient l’indécence d’une monarchie d’apparat. D’autres y saluent la sobriété républicaine. Le président y travaille, y médite, y reçoit. Le peuple, lui, s’y projette. Un fort posé sur la mer, des soldats à l’entrée, une tonnelle pour les invités, et au fond de la scène, l’éternelle question : est-ce qu’on s’y repose vraiment quand tout le monde vous regarde dormir ?


Alors non, Brégançon n’est pas un caprice. C’est un décor. Une mise en scène de la fonction, taillée dans la roche et dans l’opinion. Un théâtre minéral où chaque chaise devient message, chaque silence devient discours. On y voit passer des présidents, des diplomates, des enfants, des tweets. Mais on n’y entend jamais ce que la République voudrait dire : qu’elle aussi, parfois, a besoin d’un peu de calme.


Alors, une fois n’est pas coutume, nous mettrons de côté la raillerie. Nous rangerons les banderilles, refermerons le carnet de notes : et vous souhaitons, "Mister Président", de bonnes vacances. Quelque chose nous dit qu’au vu de la rentrée qui s’annonce, vous risquez d’en avoir sacrément besoin.


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Prologue

Le fort ne parle pas. Mais autour de lui, tout bruisse. Une taupe dans les câbles, un grillon dans les murs, un cuisinier qui pense trop, un goéland nerveux, un gendarme trop poli, un moustique qui rêve d’espionnage. Tous sont là. Et chacun, à sa manière, a son Brégançon. Le vrai. Celui qu’on ne visite pas. Celui qu’on vit.

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