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Coupables mais jamais responsables

Quentin Règles

Un article de

La France traverse une étrange époque où la faute ne coûte plus rien.

Des scandales sanitaires aux mensonges fiscaux, des rapports budgétaires enterrés aux vols d’État impunis, la responsabilité publique s’est dissoute dans la rhétorique.

On ne démissionne plus, on “attend les conclusions de l’enquête”. On ne s’excuse plus, on “assume collectivement”.

La République, jadis fondée sur l’exemplarité, s’est transformée en laboratoire de l’irresponsabilité tranquille.

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Quentin Règles
Le Louvre, symbole d’un pays sans tuteur


Un vol au Louvre : une couronne d’Eugénie arrachée à la vitrine, un éclat de République qui s’évapore. Sous la tutelle du ministère de la Culture, dans le périmètre direct du ministère de l’Intérieur, un tel cambriolage devrait logiquement provoquer des têtes qui tombent. Il n’en est rien. Ni la ministre, ni le préfet, ni le directeur du musée n’assument la moindre responsabilité. 


“Une enquête est en cours”, suffit à clore le sujet.

La France adore les symboles : elle vient d’en produire un magnifique. Le pays qui se vante d’avoir inventé les droits de l’homme ne sait plus nommer les fautes de ses serviteurs.

Et voilà que le musée le plus visité au monde est victime d’un vol digne de la Panthère rose : le monde est sidéré, la France est sa risée.



“Responsable mais pas coupable”


Tout commence sans doute là : 1985, l’affaire du sang contaminé. Des centaines d’hémophiles infectés par le VIH après des transfusions. Interrogé, Laurent Fabius lâche la phrase qui marquera durablement la vie publique : “Responsable, mais pas coupable.”

Cette pirouette a servi de jurisprudence morale. Elle a enseigné à toute une génération de dirigeants qu’il suffisait de parler bien pour ne jamais répondre de rien. Depuis, la politique française vit sous ce totem : on assume sans réparer, on reconnaît sans démissionner.

Le sophisme tient désormais lieu de décision.



Cahuzac, le mensonge d’État


Vingt ans plus tard, la République se regarde mentir droit dans les yeux. Jérôme Cahuzac, ministre du Budget, déclare à l’Assemblée nationale : “Je n’ai pas, je n’ai jamais eu de compte à l’étranger.”

La suite est connue : il en possédait bien un.

François Hollande réagit avec gravité : “C’est une faute impardonnable. Il a menti à l’État, au Parlement, à ses collègues, au président de la République. C’est un affront fait à la République.”

Mais l’indignation, ici encore, reste sans conséquence.

Pas de remaniement, pas de sursaut : l’affaire devient un dossier psychologique, pas un tournant politique.

En France, même la trahison de la parole publique finit en séance de thérapie collective.



Moscovici et le rapport fantôme


Printemps 2024 : Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes, décide de différer la publication d’un rapport explosif sur la situation budgétaire, “afin de ne pas interférer avec les élections européennes”. En le cachant, il les influence. La neutralité devient un mensonge courtois, la transparence une menace.

Et là encore, aucune voix ne s’élève. La République préfère la bienséance à la vérité.

Un ancien commissaire européen devenu juge suprême des finances, très impliqué politiquement, se permet d’arbitrer le calendrier démocratique... et cela passe crème.

Un président devenu militant, un arbitre redevenu joueur : en France, la confusion des rôles ne choque plus, elle prolifère.



La dette, crime sans criminel


3 200 milliards d’euros. Un gouffre dont personne ne répond. Les ministres se succèdent, la facture s’alourdit, mais la rhétorique reste la même : “investir pour les générations futures”. En réalité, on hypothèque leur avenir.

La dette est notre crime parfait : elle n’a ni victime visible, ni coupable désigné.

Et plus vous avez échoué à des postes de responsabilité, plus vous avez de chances d’être nommé à un poste clé, régalien ou structurel.

Élisabeth Borne, qui reconnaissait elle-même “ne rien connaître à l’éducation”, fut nommée ministre de l’Éducation nationale.

Bruno Le Maire, déjà à la manœuvre d’un endettement record, fut un temps pressenti par Lecornu 1 pour prendre la tête des Armées… avant que l’on ne confie finalement le ministère à Catherine Vautrin, sans que personne n’en comprenne vraiment la logique. 

En France, l’échec ne discrédite pas : il promeut.



Les condamnés du Conseil constitutionnel


La France aime recycler ses fautes. Alain Juppé, condamné pour prise illégale d’intérêts, siège toujours au Conseil constitutionnel. Laurent Fabius, déjà cité, en fut le président avant de céder la place à Richard Ferrand, nommé en 2025.

Ce dernier, mis en cause dans une affaire de prise illégale d’intérêts avant d’être blanchi pour prescription, incarne à son tour cette étrange morale d’État : la sanction effacée par le temps, la responsabilité diluée dans la continuité.

Ces trois hommes, qui ont connu le soupçon ou la condamnation, disposent désormais du pouvoir d’arbitrer les lois. Ils décident du sort des textes, parfois du destin d’un gouvernement.

Ainsi, ceux qui ont franchi les limites du droit représentent aujourd’hui sa magistrature suprême : la République a confié la clef du temple à ceux qui ont déjà tenté d’en forcer la porte !



L’honneur en jachère


Ailleurs, on s’excuse. Au Japon, un responsable se retire pour un train en retard. Au Royaume-Uni, un ministre démissionne pour une note de taxi. Dans les pays nordiques, un élu s’efface pour un SMS maladroit. En France, on rédige un communiqué. Puis on attend que le temps fasse oublier. Et il oublie toujours. L’honneur s’est dilué dans la langue : un verbe bien tourné vaut désormais absolution.


Battu aux législatives, affaibli dans l’opinion, Emmanuel Macron s’accroche. Il incarne à sa manière la continuité du déni. La France ne sait plus perdre : elle négocie la défaite, la renomme “résilience”. Le pouvoir n’y est plus une responsabilité mais une profession.



Le crépuscule du chef


Ceux qui gouvernent ne rendent plus de comptes ; ils culpabilisent ceux qu’ils devraient protéger.

La faute, désormais, c’est le peuple : trop dépensier, trop bruyant, trop sceptique.

La psychanalyse appelle cela un transfert. La République, elle, appelle cela la pédagogie.


La France n’est pas une démocratie fatiguée : c’est une monarchie technocratique.

Elle ne juge plus ses fautes, elle les excuse.

Elle n’éduque plus par l’exemple, elle s’absout par habitude.



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… ou l’art français de ne jamais tomber


Dans le monde, un mot malheureux, une note de frais ou un train en avance peuvent faire vaciller une carrière politique.

En France, on s’indigne, on tweete, on philosophe... puis on reste.

Quand d’autres nations se redressent en s’excusant, la nôtre s’absout en commentant.

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