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La crevette française qui défie l’océan mondial

Nicolas Guerté

Un article de

Elles viennent d’Indonésie, d’Équateur ou du Vietnam. Et si demain, elles venaient de Nantes ?

Avec Lisaqua, une start-up qui vient de lever 9 millions d’euros pour produire des crevettes « écolos » en circuit fermé, la France ose défier l’un des marchés les plus mondialisés au monde. Une bataille où se mêlent écologie, économie… et allergènes.

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Nicolas Guerté
L’élevage du futur

À Nantes, les bassins de Lisaqua ne sentent pas la marée. Ce sont des fermes à crevettes sans mer, sans antibiotiques, et presque sans déchets. Une innovation baptisée « permaquaculture », où l’eau est filtrée et recyclée grâce à un écosystème de micro-organismes.


L’entreprise promet ainsi des crevettes locales, fraîches et traçables, élevées à deux pas des consommateurs. Objectif : prouver qu’une production française peut rivaliser avec les importations asiatiques, tout en limitant l’impact environnemental.

« Nous élevons les premières gambas ‘triple zéro’ : zéro antibiotique, zéro kilomètre parcouru, et zéro rejet polluant», explique le fondateur, convaincu que l’aquaculture peut redevenir vertueuse.



L’empire mondial de la crevette

Chaque année, plus de 6 millions de tonnes de crevettes sont consommées dans le monde. L’Équateur, l’Inde et le Vietnam dominent la production, pendant que l’Europe importe près de 80 % de ce qu’elle mange.

La crevette est devenue une marchandise-planète : transportée congelée sur des milliers de kilomètres, souvent nourrie à la farine de poisson, parfois issue de bassins qui détruisent les mangroves ou exploitent la main-d’œuvre locale.

Face à cette réalité, Lisaqua paraît minuscule : une centaine de tonnes à terme, une goutte d’eau dans l’océan.

Mais une goutte qui compte : celle d’une reconquête industrielle et alimentaire, face aux dérives d’une mondialisation devenue hors-sol.



Le prix de la transparence

Acheter français, c’est aussi accepter de payer plus cher. Une crevette Lisaqua coûte autour de 30 euros le kilo, contre 10 euros pour une crevette d’importation. Pourtant, la demande progresse : les chefs de restaurants s’y intéressent, les enseignes de distribution testent les premiers rayons, et les consommateurs redécouvrent un produit vivant, moins calibré, mais porteur de sens.

Le goût, lui aussi, change : celui d’un crustacé élevé sans antibiotiques, dans une eau filtrée, et transporté en quelques heures au lieu de plusieurs semaines. Le luxe de la proximité commence par une simple fourchette.



L’allergie cachée

Sous ses airs de mets festif, la crevette reste l’un des allergènes alimentaires les plus redoutés. La coupable s’appelle tropomyosine : une protéine musculaire présente dans tous les crustacés, résistante à la cuisson et aux enzymes digestives.

Contrairement à une simple intolérance, la réaction peut être brutale et systémique : urticaire, œdème de Quincke (gonflement du visage ou de la gorge), voire choc anaphylactique nécessitant une injection d’adrénaline. Le paradoxe, c’est que l’allergie peut apparaître à tout âge, même après des années de consommation sans incident. Le corps, lassé ou sensibilisé à force d’exposition, se met soudain à reconnaître l’aliment comme un ennemi.


Aucune désensibilisation efficace n’existe aujourd’hui. Les protocoles testés en laboratoire restent fragiles, car les protéines responsables varient d’une espèce à l’autre. Le seul traitement reste l’éviction complète et une vigilance constante sur les traces possibles dans les plats préparés.


Les régions les plus touchées sont naturellement celles où les crevettes sont les plus consommées : Asie du Sud-Est, Caraïbes, côte Est des États-Unis. Mais en Europe, les cas augmentent avec la mondialisation alimentaire : la consommation de crustacés a doublé en vingt ans. En France, environ 2 à 3 % des adultes présenteraient une sensibilité, souvent sous-diagnostiquée.


Les chercheurs suivent de près les modèles d’élevage comme celui de Lisaqua, où les crevettes sont nourries sans antibiotiques ni contaminants marins. Cette traçabilité pourrait aider à comprendre si certaines conditions d’élevage réduisent la virulence allergénique. Rien n’est encore prouvé, mais tout le laisse pressentir : notre lien à la nature chancelle, pris entre la fascination et la falsification.



Entre écologie et économie

Relocaliser la crevette, c’est repenser toute une chaîne de valeur. Produire localement coûte plus cher, mais évite les coûts cachés du transport, de la pollution et de la dépendance alimentaire.

Les analystes estiment que si la filière française atteignait 1 % du marché européen, cela représenterait plus de 100 millions d’euros de valeur ajoutée locale.

Le défi reste industriel : atteindre la rentabilité sans céder à la logique de masse, maintenir la qualité tout en baissant les coûts. Une équation où la biologie, l’économie et la confiance des consommateurs devront marcher de concert.


La crevette nantaise ne changera pas le monde, mais elle en révèle les failles.

Produire ici, c’est refuser la logique absurde d’un système où l’Europe importe ce qu’elle pourrait cultiver, et défend des cargos plus que des idées.

Rappelons au passage que Rodolphe Saadé, patron de la CMA CGM, leader mondial du transport maritime, est aussi propriétaire de BFM-TV. Curieux hasard : peu d’émissions s’aventurent à interroger la soumission à la mondialisation et la dépendance européenne à ces géants des mers...


Relocaliser, ce n’est pas s’isoler.

C’est retrouver du sens dans l’acte même de produire, contre l’anonymat des flux et la lâche tiédeur des politiques.

Et si cela déplaît aux armateurs de Marseille ou aux disciples de Maastricht, tant mieux : c’est peut-être le signe que la France, enfin, retrouve un cap.



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