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đŸ©ș On enferme ce que l’on protĂšge : l’enfance sous cloche

Aldrine Autrumay

Un article de

Autrefois, ils marchaient dix kilomĂštres pour pĂȘcher. Aujourd’hui, ils ne marchent plus pour aller jouer. En quatre gĂ©nĂ©rations, les enfants ont perdu le droit d’explorer le monde. À force de vouloir les protĂ©ger, on les a enfermĂ©s. Entre peur collective, technologies intrusives et amour inquiet, la sociĂ©tĂ© a kidnappĂ© l'enfance.

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Aldrine Autrumay
Le périmÚtre de la liberté rétrécit


En 1919, un petit garçon anglais de huit ans nommĂ© George Thomas pouvait parcourir seul prĂšs de 10 kilomĂštres pour aller pĂȘcher Ă  la riviĂšre. Son arriĂšre-petit-fils, Edward, du mĂȘme Ăąge en 2007, ne dĂ©passait pas les 300 yards, soit Ă  peine 270 mĂštres.

C’est ce qu’a montrĂ© l’étude devenue cĂ©lĂšbre publiĂ©e par le Daily Mail sous le titre « How children lost the right to roam in four generations ».


« Comment les enfants ont perdu le droit de vagabonder en quatre gĂ©nĂ©rations » : cette carte de la libertĂ© perdue, dessinĂ©e Ă  partir des souvenirs familiaux, a fait le tour du monde. Elle rĂ©sume en une image la lente domestication de l’enfance occidentale : quatre gĂ©nĂ©rations ont suffi pour que le monde extĂ©rieur devienne une zone de danger.



L’ñge du soupçon


Les chiffres confirment cette peur rampante. Selon une Ă©tude britannique de la National Trust (2012), les enfants passent 50 % moins de temps Ă  l’extĂ©rieur que leurs parents au mĂȘme Ăąge. En France, une enquĂȘte de l’INJEP (Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire) indique que seuls 17 % des enfants de 7 Ă  11 ans jouent quotidiennement dehors sans surveillance directe.


Le risque d’accident, statistiquement, n’a pourtant jamais Ă©tĂ© aussi faible : les dĂ©cĂšs d’enfants liĂ©s Ă  la circulation ont chutĂ© de 90 % depuis les annĂ©es 1970. Mais dans nos tĂȘtes, le monde est devenu un champ de menaces invisibles.

Chaque fait divers, chaque alerte d’actualitĂ© agit comme un verrou mental. Les mĂ©dias nous racontent les exceptions tragiques, pas les millions d’enfances sous cloche. Le rĂ©sultat est une gĂ©nĂ©ration d’adultes terrifiĂ©s par leur propre peur.



Les enfants sous surveillance


Montres GPS, tĂ©lĂ©phones traqueurs, applications parentales : la libertĂ© se mesure aujourd’hui en mĂštres et en notifications. Ce qui se voulait rassurant finit par ĂȘtre oppressant.

Le pĂ©dopsychiatre Serge Tisseron parle d’une « anxiĂ©tĂ© contagieuse » :

« Les parents transmettent leur peur du monde Ă  leurs enfants, puis s’étonnent qu’ils soient inquiets dĂšs qu’ils sortent seuls. »


L’école elle-mĂȘme est devenue un sas de sĂ©curitĂ© : contrĂŽle des entrĂ©es, protocoles, autorisations de sortie.

DĂ©sormais, on ne prend plus de risques pour grandir : on Ă©vite, on biaise, on remet Ă  plus tard. Or, le risque n’est pas l’ennemi de l’éducation : il en est la condition.



Michael Jackson, l’enfant Ă©ternel


Dans son palais aseptisĂ© de Neverland, Michael Jackson vivait masquĂ©, protĂ©gĂ© des microbes, des regards, du monde. Il voulait rester enfant, mais il s’était dĂ©jĂ  privĂ© du vrai oxygĂšne de l’enfance : celui de la dĂ©couverte, du jeu, de la saletĂ©, du hasard.

L’image du chanteur, cloĂźtrĂ© dans son perfectionnisme et sa peur, symbolise Ă©trangement notre Ă©poque. Comme lui, nous avons fait de la prĂ©caution une prison dorĂ©e.


Nous disons aimer nos enfants, mais nous les enfermons pour les protéger de la vie.

Et cette surprotection, ironie tragique, n’est pas une simple nĂ©gligence : c’est une castration. Celle de l’expĂ©rience qu’on ne leur permet plus de vivre.



La liberté, muscle oublié


Marcher, se perdre, trouver son chemin : c’est le cƓur de l’apprentissage. Les neurosciences le rappellent : la motricitĂ© nourrit la mĂ©moire, et le dĂ©placement forge la confiance.

Les enfants d’aujourd’hui marchent quatre fois moins qu’en 1980, selon une Ă©tude de l’UniversitĂ© de Stanford (2020). Leur “territoire d’exploration” s’est contractĂ© Ă  quelques centaines de mĂštres, souvent en intĂ©rieur.

Comme le disait dĂ©jĂ  Jean-Jacques Rousseau dans Émile :

« On veut toujours protéger les enfants ; on les rend faibles. »


L’enfance kidnappĂ©e


Ce n’est pas l’extĂ©rieur qui a rĂ©trĂ©ci, c’est notre tolĂ©rance Ă  l’inconnu.

Nous avons fait de la prudence une vertu sociale, de la peur une preuve d’amour.

Les parents veulent protéger, mais finissent par posséder.

La sociĂ©tĂ© les fĂ©licite d’ailleurs pour cela : on juge dĂ©sormais une mĂšre Ă  sa vigilance, un pĂšre Ă  son contrĂŽle.

L’obĂ©issance est devenue le nouveau nom de la sĂ©curitĂ©, et la logique de la mĂšre poule s’est muĂ©e en doctrine collective : mieux vaut un enfant docile qu’un enfant vivant.


Comme l’écrivait Khalil Gibran, « Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils viennent Ă  travers vous, mais non de vous. »

L’enfance n’a pas besoin d’ĂȘtre gĂ©rĂ©e, elle a besoin d’ĂȘtre vĂ©cue.



Réapprendre à laisser partir


L’autonomie ne s’impose pas : elle s’offre.

Peut-ĂȘtre qu’aimer, ce n’est pas entourer d’un mur, mais tracer un chemin.

Dans Man in the Mirror, Michael Jackson chantait :

“If you wanna make the world a better place, take a look at yourself and make a change.”
« Si tu veux rendre le monde meilleur, commence par te changer toi-mĂȘme. »

Avant de rendre le monde plus sûr, commençons par le rendre vivable.

Car en voulant protĂ©ger l’enfance, nous avons oubliĂ© de la laisser vivre.


Être parent, c’est accepter de regarder partir.

Redonner le droit de tomber, de grimper, de se salir : voilà la vraie urgence éducative.

Car l’enfance, la vraie, tient dans ces instants de dĂ©sordre : des joues rouges, des genoux Ă©corchĂ©s, une trouille, une victoire.



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🧭 Dix kilomùtres hier, trois cents mùtres aujourd’hui
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En 2007, une simple carte publiée dans le Daily Mail fit le tour du monde. Son titre, devenu presque un slogan : « How children lost the right to roam in four generations ».

L’histoire se dĂ©roulait dans la banlieue de Sheffield, au nord de l’Angleterre. On y voyait, dessinĂ©es sur une carte, les zones de libertĂ© de quatre gĂ©nĂ©rations d’une mĂȘme famille...

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