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Faut-il rouvrir le dossier de la peine de mort ?

Quentin Règles

Un article de

Mardi dernier, à Marseille, un homme a été abattu dans la rue. Abdelkader D., déjà condamné pour avoir poignardé son cousin, est tombé sous les balles. Pas de procès. Pas d’avocat. Pas de tribunal. Pas d’appel. Et pas de protestation non plus. La société a entériné, sans un mot, une peine capitale de fait !

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Quentin Règles

Ce consensus silencieux tranche avec la récente libération d’Ibrahim Abdallah, plus ancien détenu de France, qui vient de recouvrer la liberté après plus de quarante ans de détention pour actes de terrorisme.


Deux visages d’un même malaise : d’un côté, une exécution que tout le monde semble juger « normale » ; de l’autre, une perpétuité qui s’efface avec le temps, alors qu’elle devait incarner l’alternative absolue à la peine de mort.


Il n’est pas facile d’écrire sur ce sujet. Il est devenu presque impossible de parler de certains thèmes sans se faire assigner une étiquette. Parler d’immigration ? On vous suspecte aussitôt de racisme. Évoquer la religion ? On vous accusera d’intégrisme ou de mépris. Et oser questionner la peine de mort ? C’est se faire classer parmi les simples d’esprit, les hommes primitifs, les « animaux », ou pire encore, les fascistes.


Mais précisément, c’est parce que le sujet est piégé qu’il mérite d’être rouvert. Non pour défendre le retour de la guillotine, mais pour interroger nos contradictions, nos hypocrisies, nos tabous. Car l’actualité, entre un homme abattu dans la rue sans procès et le plus ancien détenu de France libéré après quarante ans de prison, oblige à poser la question : que faire quand perpétuité n’est plus ce qu’elle prétend être ? Quand les arguments qui justifiaient, en 1981, son statut de substitut à la peine de mort ne tiennent plus.


On prétend, comme une icone, avoir tourné la page de la peine capitale. Et pourtant, jamais l’époque n’a été aussi friande de morts « utiles », de cibles « neutralisées », de figures « mises hors d’état de nuire ».

On applaudit, à bonne distance, les frappes sur des chefs terroristes, les exécutions ciblées par drones, les éliminations sans procès. On félicite Israël ou les États-Unis quand ils « éliminent » un leader du Hamas ou un cadre d’Al-Qaïda. Sans cours, sans jugement, sans avocat. L’homme est rayé. Et la conscience s’allège. Pas d’appel. Pas d’erreur judiciaire. Pas de scrupule.


Comment peut-on à la fois exalter l’abolition en droit français, au nom de la dignité humaine, et se réjouir de l’exécution militaire d’un ennemi désigné, dans un autre pays, au nom de l’efficacité ? Un ancien président de la République - François Hollande - l’a même revendiqué publiquement ! 


C'est si simple : on ne pense plus, on réagit. On ne juge plus, on s’identifie. On ne défend pas un principe, on choisit son camp. L’abolition est devenue un drapeau moral. Mais quand la peur revient, quand les bombes explosent, quand les visages sont flous et les accents étrangers, alors on s’autorise tout. Le drone remplace le glaive. Et l’impunité se drape de vertu.


Cet article ne s’adresse donc pas à ceux qui tranchent d’un revers de posture. Il ne s’adresse pas aux militants du bien contre le mal. Il ne cherche ni à réhabiliter la guillotine, ni à flatter l’air du temps. Il s’adresse à ceux qui pensent encore, malgré tout. À ceux qui savent que le monde n’est ni propre ni simple. À ceux qui acceptent que les certitudes de 1981 méritent peut-être d’être revisitées, à la lumière des technologies, des coûts, et des réalités sociales d’aujourd’hui.


Lorsque Robert Badinter porta l’abolition à la tribune de l’Assemblée, c’est l’image de l’erreur judiciaire qui terrassa les derniers résistants. On évoquait Patrick Dils, Christian Ranucci, ou le moindre doute possible. Comment tolérer que la République tue un innocent ? L’argument était implacable. Il l’est moins aujourd’hui.


Depuis l’essor des analyses génétiques, l’ADN a fait basculer la probabilité d’erreur dans une zone quasi nulle. Dans 99,99 % des cas, l’empreinte génétique permet d’identifier sans ambiguïté l’auteur d’un viol ou d’un meurtre. Ce n’est plus la parole d’un policier contre celle d’un suspect, mais la présence intime, biologique, irréfutable d’un individu sur une scène de crime. On peut toujours invoquer le fantasme du complot judiciaire, mais il ne peut plus être le fondement d’une politique pénale. Là où il y a ADN, il n’y a plus d’erreur. Il y a certitude.


Reste alors l’autre pilier de l’abolition : la prison à perpétuité. Elle devait être la grande alternative, la preuve de notre humanité civilisée, l’enfermement sans retour. Or, elle ne l’est pas, pas du tout. En France, un condamné à perpétuité reste en moyenne vingt-trois ans derrière les barreaux. Sur les quelque 550 détenus actuellement concernés, très peu sont réellement voués à mourir en détention. L’État préfère l’aménagement, le temps, l’oubli. Et parfois, le geste politique. On parle de perpétuité, mais on applique un provisoire prolongé.


Ce choix a un coût. Et ce coût, personne n’en parle. Officiellement, l’État dépense environ 32 000 euros par an pour un détenu classique. Sur vingt-trois ans de prison, cela représente près de 736 000 euros par personne. Pour l’ensemble des condamnés à perpétuité actuels, la facture dépasse les 400 millions d’euros. Et cela, sans compter les profils à risque.


Prenons l’exemple de Mohamed Amra, détenu ultra-sécurisé, au cœur d’une spectaculaire évasion en 2024. Depuis sa réincarcération, ses conditions de détention relèvent de l’exception : cellule blindée, transferts spéciaux, surveillance 24 heures sur 24. Le coût annuel grimpe à 100 000 euros, parfois plus. S’il reste trente ans en détention, ce seul homme coûtera plus de 3 millions d’euros à la collectivité.


Et quelle collectivité ? Celle qui, dans les quartiers populaires, n’arrive plus à soigner ses enfants. Celle qui voit les budgets de sécurité fondre, les tribunaux engorgés, les commissariats fermés la nuit. Celle qui paie toujours, mais ne décide jamais. L’abolition de la peine de mort fut un acte porté par des hommes sincères, mais souvent des grands bourgeois, bien à l’abri. Pour eux, la grandeur morale n’avait pas de prix. Pour d’autres, elle en a un, et il se chiffre en millions.


Ceux qui ont aboli ne sont pas ceux qui subissent. Le courage d’hier est devenu le confort d’aujourd’hui. Il est plus facile d’être contre la peine capitale quand on vit dans les beaux quartiers, loin des points de deal, loin des regards qui tuent. La morale est plus facile à porter devant un beau miroir. 


Aujourd’hui, un jeune homme sans diplôme, sans avenir, peut gagner sa vie dans la drogue, la violence, le vol ou la prostitution. La prison ne l’effraie pas. Elle est parfois même perçue comme un refuge : trois repas, une cellule, de la reconnaissance sociale dans son milieu. 


Pendant ce temps, nombre de retraités survivent à peine, et des milliers de travailleurs pauvres dorment dans leur voiture. Qui, dans cette configuration, est le plus puni ? On a renoncé à poser la question de la dissuasion. Par tabou. Par confort. Par peur, peut-être, d’admettre que la justice ne suffit plus à produire un ordre. Le simple fait de poser la question est aujourd’hui perçu comme une faute de goût.

Or puisqu’il s’agit de justice, une autre question s'impose : cela est-il juste ?


Et pourtant. Il ne s’agit pas pour moi de réclamer la guillotine, ni de sombrer dans le fantasme sécuritaire. Il s’agit de regarder le réel. D’interroger une société qui ne sait plus punir. Qui confond compassion et abandon. Qui préfère mettre les poussières sous le tapis. Qui juge indigne d’exécuter, mais tolère de payer des millions pour maintenir sous perfusion des profils irrécupérables. Ce n’est pas la morale qui nous guide, mais l’évitement. La peur de choisir. La peur d’assumer.


On s’est crus grands en abolissant. Peut-être n’étions-nous que lâches ?


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