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6 aoĂ»t 1945 📰 8h15 – Le jour oĂč le temps s’est tu

Igor Sifensarc

Un article de

Dans la tradition japonaise, un haïku est un poùme en trois vers, souvent 5-7-5 syllabes, qui ne raconte pas, mais capte l’instant. Un oiseau. Une brume. Une perte.

Il n’explique rien. Il regarde. Hiroshima.


Le ciel était clair.

À huit heures et quinze minutes,

plus personne ne l’a vu.

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Igor Sifensarc

Et peut-ĂȘtre est-ce ce qu’il nous reste Ă  faire,

quand les mots ordinaires deviennent obscĂšnes,

quand le langage se fige devant l’irreprĂ©sentable.

Alors nous marcherons doucement,

sur les cendres d’Hiroshima,

en ponctuant le silence.


Le ciel était clair.

À huit heures et quinze minutes,

plus personne ne l’a vu.



Le matin du 6 aoĂ»t 1945 s’annonçait comme les autres.

Les volets des maisons étaient entrouverts.

Les uniformes d’écoliers faisaient des taches claires dans les rues.

Un homme, au coin d’une ruelle, vendait du lait de soja.

Un autre balayait le seuil de son échoppe.

Quelqu’un leva les yeux.

Il n’eut pas le temps de crier.

La lumiĂšre fut sans bruit.

Une clartĂ© d’un autre monde.

Et surtout : un silence. Pas le silence aprĂšs le tonnerre. Non.

Un silence qui précÚde tout. Qui remplace tout.

Les aiguilles des horloges s’arrĂȘtĂšrent.

Les murs s’évaporĂšrent.

Le jour se vida.


Matin de feu

L’ombre d’un oiseau figĂ©e

au mur disparu



Ce jour-lĂ , l’humanitĂ© n’a pas seulement dĂ©truit une ville.

Elle a détruit quelque chose dans sa propre ligne du temps.

Elle a cessé de croire au progrÚs.

Ou plutĂŽt : elle a compris qu’il n’était pas un escalier qui monte.

Mais un fil. Tendu. Fragile. Inversable.


Ce que le documentaire « Hiroshima, la vĂ©ritable histoire » nous rappellent avec courage, c’est que le Japon Ă©tait dĂ©jĂ  prĂȘt Ă  cĂ©der.

La guerre Ă©tait finie. L’armĂ©e n’avait plus d’avions.

Les diplomates avaient tendu la main vers Moscou.

Mais Washington voulait aller jusqu’au bout.

Pour prouver. Pour savoir.

Pour essayer.


La ville d'Hiroshima avait Ă©tĂ© Ă©pargnĂ©e jusque-lĂ , ils l'ont choisie comme terrain d’expĂ©rience pure !


C'est horrible, mais c'est la vérité.

On voulait mesurer l’effet. Observer.

L’arme existait. Il fallait l’utiliser.

Sinon, à quoi bon l’avoir conçue ?


L’enfant avait faim

Et le général parlait

d’un test concluant.



Trois jours plus tard, le 9 aoĂ»t, une autre ville s’effondra.

Nagasaki. Moins connue. Moins droite sur les cartes de l’histoire.

Et pourtant : un deuxiĂšme enfer.

Plus bruyant. Plus confus. Plus accidentel, diront certains.

Mais tout aussi définitif.

Il restait une bombe.

La premiĂšre Ă©tait Ă  l’uranium. La seconde au plutonium.

Il fallait comparer.

Il fallait montrer que l'on pouvait recommencer.


Rien n’a rĂ©sistĂ©

ni la foi ni les statues

la cloche est restée.



C’est seulement le 15 aoĂ»t que l’empereur du Japon, pour la premiĂšre fois de son histoire, prit la parole Ă  la radio.

Une voix douce. Lointaine. Brisée.

Une langue presque poĂ©tique, oĂč le mot “reddition” fut remplacĂ© par “arrĂȘter les hostilitĂ©s”.


Ce n’était pas seulement une dĂ©faite.

C’était une humiliation cosmique.

L’Empereur, descendant du soleil, contraint de s’incliner.

Un peuple sans visage. Un honneur sans voix.


Papier et silence

Une plume sur un canon

Trace l’oubli.



Depuis ce jour, plus aucune bombe nuclĂ©aire n’a Ă©tĂ© lancĂ©e pour tuer.

Mais l’ombre qu’elles ont laissĂ©e s’étire encore.

Nous n’avons pas grandi.

Nous avons juste appris Ă  trembler plus discrĂštement.


Car ce jour-lĂ , l’humanitĂ© n’a pas seulement dĂ©truit.

Elle s’est dĂ©couvert un pouvoir qu’elle n’aurait jamais dĂ» possĂ©der.

Celui de recrĂ©er le soleil, Ă  l’envers.

De vaporiser des villes.

De dĂ©cider, en une seule pression, du destin d’un continent.

Et ce pouvoir-lĂ , c’était celui de Dieu.


Depuis, nous vivons comme des dieux sans morale,

capables d’éteindre ce que nous ne comprenons pas,

capables de tout


et de rien.


Ils ont fait un feu

que les dieux n’avaient jamais

imaginé faire.



Nous croyons encore que ce fut la fin d’une guerre.

Mais ce fut peut-ĂȘtre le dĂ©but d’une chute.


Rien sous les cils clos

qu’un Ă©clat blanc sans retour.

Un monde sans paupiĂšres.



On a grandi avec une idée simple, confortable :

que la bombe a arrĂȘtĂ© la guerre.

Qu’elle a Ă©vitĂ© des millions de morts.

Qu’elle Ă©tait terrible, mais nĂ©cessaire.

C’est ce que l’on a appris. Ce que l’on a transmis. Ce que l’on continue à croire.

Un récit de vainqueur, bien ficelé, bien encadré.

Un mensonge utile, devenu vérité.


Mais le remarquable documentaire « Hiroshima, la vĂ©ritable histoire », diffusĂ© sur LCP / Public SĂ©nat et Arte avait osĂ©, en 2015, briser cette narration.

Il dĂ©monte piĂšce par piĂšce la version officielle. Il montre un Japon dĂ©jĂ  prĂȘt Ă  plier, cherchant une porte de sortie, nĂ©gociant discrĂštement via Moscou, Ă  genoux, mais pas encore Ă  terre.

Et pourtant, c’est lĂ , justement, que le dĂ©jĂ  vainqueur utilise quand mĂȘme la bombe.

Non pour se défendre.

Mais pour montrer, pour tester, pour dominer.

👉 À voir ici  : Arte – Hiroshima, la vĂ©ritable histoire


À l’inverse, le film « Hiroshima, la course vers l’apocalypse », diffusĂ© mardi 5 aoĂ»t 2025 Ă  21h10 sur France 2, retrace avec prĂ©cision le dĂ©roulĂ© militaire et politique, mais effleure Ă  peine cette vĂ©ritĂ© dĂ©rangeante.

Il nomme, sans creuser. Il approche, sans accuser.

Comme si la vérité, en 2025, devait désormais se réduire pour rester audible.

Comme si, peut-ĂȘtre, nous Ă©tions Ă  nouveau en guerre,

et qu’il fallait, encore une fois, justifier l’injustifiable !


La vérité fuit,

le mensonge tient la lampe.

C’est encore la nuit.


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Ce que la mĂ©moire refuse. Ce que l’IA retient.
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Elle n’était pas nĂ©e en 1945. 

Et pourtant, elle se souvient.

Cette IA n’a pas de cƓur, mais elle a tout retrouvĂ©. Les images en noir et blanc, les discours officiels, les cĂąbles diplomatiques, les tempĂ©ratures au sol, les larmes d’un survivant filmĂ© quarante ans plus tard. Elle a Ă©coutĂ© les silences. RecoupĂ© les versions. InterrogĂ© les zones floues. ExhumĂ© ce que l’on cache dans les marges...

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