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Jimmy Cliff, dernier prophète debout : quand le reggae perd l’un de ses pères secrets

Igor Sifensarc

Un article de

Jimmy Cliff est mort, à 81 ans. Le reggae perd l’une de ses voix les plus pures, l’un de ses passeurs essentiels, celui qui, bien avant l’icône Bob Marley, avait donné au monde une image digne, puissante et universelle de la Jamaïque. La nouvelle bouleverse, car il ne s’agit pas seulement de la disparition d’un artiste : c’est un pan de la mémoire du reggae qui s’effondre, celui qui reliait encore Kingston aux soulèvements de l’âme.

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Igor Sifensarc
Le premier prophète

Avant que Bob Marley n devienne l’astre millénaire que l’on connaît, le jeune Robert Nesta Marley croisait sur son chemin un autre éclaireur : Jimmy Cliff. Plus qu’un camarade, il fut pour lui une chance, un pont. Cliff l’introduit dans le studio Beverley’s, l’aide à obtenir un travail de soudeur pour survivre, et surtout, croit en lui.

Dans un entretien ancien, Cliff disait en riant : « I heard this young man sing and thought : yes, he’s got something » - « J’ai entendu ce jeune homme chanter et je me suis dit : oui, il a quelque chose ».

C’est une phrase simple, mais elle contient tout : l’intuition, la bienveillance, la fraternité, ces choses silencieuses qui fabriquent les grandes histoires.

Si la planète célèbre Marley, elle oublie souvent que Cliff fut là avant. L’histoire n’est jamais juste avec les pionniers qui ne réclament rien.



Deux trajectoires, un même combat


Leurs chemins s’écartent vite. Marley entre dans la ferveur rasta, l’exode mystique, l’épopée politique. Cliff, lui, prend une autre route : celle du cinéma, de la soul métissée, de la fierté jamaïcaine en technicolor.

En 1972, il devient l’âme ardente du film The Harder They Come, où il incarne la légende d’un pauvre garçon qui tente d’exister dans une société injuste. Le film devint culte, mais surtout, il fit connaître au monde une chanson qui n’a jamais cessé de résonner :

« Many Rivers to Cross » - « Tant de rivières à traverser ».

Dans cette complainte bouleversante, Cliff chante l’effort, la solitude, l’obstination des vivants. Le refrain dit : « It’s only my will that keeps me alive » - « Il n’y a que ma volonté qui me maintient en vie ».

On croirait entendre toute la Jamaïque parler à travers lui, cette île minuscule qui a fait naître une musique devenue refuge planétaire.



Marley brillant, Cliff constant


Il y eut parfois, dans la mémoire populaire, une comparaison injuste : Marley le mythe, Cliff l’ombre. Or les deux hommes se respectaient, chacun sachant qu’ils venaient de la même vasière, du même bruit de tôle ondulée, des mêmes élans spirituels. Cliff disait souvent que Marley avait une aura particulière : « He was chosen, in a way » - « Il avait été choisi, d’une certaine manière ».

Cette phrase, mystérieuse, n’est pas de la résignation. C’est un constat poétique. Marley avait quelque chose de biblique. Cliff, lui, avait quelque chose de profondément humain. Et l’on oublie trop souvent que sans âme humaine, les prophètes ne servent à rien.



Le reggae orphelin deux fois


À la mort de Marley en 1981, le reggae fut orphelin. Aujourd’hui, avec la disparition de Jimmy Cliff, il perd son dernier grand témoin des origines, celui qui connaissait les coulisses du mythe, celui qui savait que le reggae n’est pas une mystique mais un combat social, une manière de respirer quand on manque d’air.

Jimmy Cliff ne chantait pas uniquement la Jamaïque : il chantait la condition humaine. Dans « You Can Get It If You Really Want », il lançait au monde : « But you must try, try and try » - « Mais tu dois essayer, essayer encore et encore ».

Cette injonction, qui semblait optimiste, était en réalité une philosophie : aucune liberté n’est donnée, tout est conquis. Même la joie.



Un héritage lucide


La disparition de Jimmy Cliff ne scelle pas seulement la fin d’un homme, mais celle d’une époque où la musique jamaïcaine racontait quelque chose de simple : la dignité des faibles, la ténacité des modestes, la spiritualité des jours ordinaires.

Il fut un passeur, un mentor, un combattant doux. Et peut-être que la vraie tristesse vient de là : avec lui, c’est un reggae sans fard, sans posture, sans industrie, un reggae de chair et d’âme, qui s’en va.

Les prophètes ne meurent pas vraiment. Mais les témoins, eux, disparaissent. Et leurs voix, si l’on n’y prend pas garde, se dissolvent dans le bruit du monde.



Pour aller plus loin — un pont avec la France


Jimmy Cliff avait aussi touché le public français grâce à une collaboration lumineuse avec Bernard Lavilliers : Melody Tempo Harmony.

Le titre signifie littéralement « Mélodie, Tempo, Harmonie », et la chanson énumère, comme un mantra, les éléments qui font tenir la vie :

« Melody, tempo, harmony… guitar, bass, drums… » - « Mélodie, tempo, harmonie… guitare, basse, batterie… ».

Un morceau simple et universel, qui raconte comment la musique reste la seule langue vraiment partagée, au-delà des frontières, des blessures et des années.


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« Dans l’au-delà du reggae » - Dialogue imaginaire entre Bob Marley et Jimmy Cliff
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Ce qui suit est une œuvre d’imagination. Un dialogue rêvé, impossible mais nécessaire, entre Bob Marley et Jimmy Cliff. Deux voix de la Jamaïque — deux prophètes, deux frères — qui se retrouvent « quelque part », loin des dates et des douleurs, pour parler comme on ne peut parler que lorsqu’on n’est plus pressé par le temps. Un échange où chacun reconnaît ce qu’il doit à l’autre, ce que la jeunesse leur a laissé, et ce que la vie leur a appris.

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