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La culture au faciès

Igor Sifensarc

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Le 14 janvier 2026, le tarif d’entrée au Musée du Louvre passera à 32 € pour les visiteurs hors Europe, contre 22 € pour les autres. Une mesure annoncée par la ministre de la Culture, Rachida Dati, censée alléger la pression financière sur les monuments nationaux. Mais cette “différenciation tarifaire géographique” introduit une coupure symbolique inédite : un péage invisible à l’entrée de la culture.

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Igor Sifensarc

Il y a des décisions publiques qui passent presque inaperçues, avalées par la vitesse du monde, et qui pourtant devraient soulever un tollé immédiat. L’augmentation du prix d’entrée du Louvre - dix euros de plus pour les visiteurs hors Union européenne - fait partie de ces fautes morales commises en catimini, avec le sourire rassurant des communiqués officiels. « Différenciation tarifaire », dit-on. En clair : le musée le plus emblématique de la France introduit une frontière à l’entrée de la culture.


Que l’on se comprenne : il n’est pas ici question de préférences nationales, de race, de couleur ou de classe sociale. L’Europe n’est pas un pays, encore moins une identité. C’est un découpage administratif, un agrégat institutionnel, un territoire juridique. Et pourtant, c’est à travers ce prisme-là que l’on a décidé de trier les visiteurs. Ceux qui ont la bonne provenance paieront le tarif « normal ». Les autres devront s’acquitter d’un droit d’accès plus élevé, comme si la distance de naissance était un luxe taxable.


On nous explique que cela ne change rien : « les touristes internationaux ont les moyens », « dix euros de plus, ce n’est rien ». On se trompe lourdement. 


Le monde ne se divise pas entre Américains surclassés et voyageurs des Émirats. Il existe des familles modestes venues de lointains pays, des étudiants d’Asie centrale, des enseignants africains, des jeunes de partout pour qui la visite du Louvre est un rêve, pas un caprice. Ceux-là seront les premiers exclus. Et l’on ose appeler cela une mesure « équilibrée ».


Le plus frappant, c’est la contradiction politique. Les mêmes responsables qui s’indignent du protectionnisme américain, qui tournent Trump en dérision, qui prêchent l’ouverture universelle, réinventent tranquillement une forme de protectionnisme culturel. Ceux qui défendent l’accès aux soins pour tous appliquent soudain une logique inverse pour l’accès à l’art. Comme si la médecine devait être universelle, mais la beauté conditionnelle.


Or la culture n’est pas un service. Elle n’est pas un produit. Le Louvre n’est ni un parc à thème ni un club premium. C’est un sanctuaire. Un lieu où une civilisation décide de rassembler ses traces, ses éclats, ses chefs-d’œuvre, et de les offrir à ceux qui passent. Sa vocation n’est pas de distinguer, mais de désarmer les frontières.


C’est ici qu’il faut introduire une nuance essentielle, car TSVmag n’a pas vocation à hurler mais à comprendre.

Il existe des situations où une tarification différenciée est parfaitement légitime : et ce n’est jamais lié à l’origine géopolitique des personnes, mais à la responsabilité territoriale. Lorsqu’une collectivité finance, sur ses propres deniers, une piscine municipale, un gymnase, une médiathèque, un bus scolaire ou un parking résident, elle le fait pour les habitants qui en ont besoin au quotidien : apprendre à nager, pratiquer un sport, accéder au savoir, se déplacer, vivre dignement. Il est donc normal que les enfants du village paient moins cher la piscine, que les résidents bénéficient d’un tarif préférentiel, que l’on protège l’accès local à des services essentiels. Là, il n’y a pas de couleur de peau, pas de nationalité, pas de stratification sociale : juste une logique de proximité. Un visiteur de passage peut profiter du service, mais il paie son coût réel, sans subvention locale. Cela n’a rien à voir.


Le Louvre, lui, n’est ni une piscine municipale, ni un gymnase de quartier, ni un parking résident. Le Louvre est un musée national. Un patrimoine universel. Un symbole dont le rayonnement dépasse les frontières et même les continents. Appliquer une tarification géopolitique à l’entrée d’un tel lieu n’a aucun sens : ce n’est ni social, ni territorial, ni éducatif. C’est arbitraire, discriminant, injuste, vulgaire et absurde.


Pire : c’est un basculement symbolique. Pour la première fois depuis longtemps, la France accepte d’assigner un prix différent à deux êtres humains selon l’endroit où ils sont nés. Sans céder aux analogies dangereuses - elles seraient indécentes - il faut mesurer la gravité morale d’un tel geste. Une République ne classe pas les gens : elle les rassemble. Elle ne conditionne pas la beauté : elle la transmet.


Et les enfants ? Où sont-ils dans cette mécanique comptable ? Un pays qui a fait de l’école la clef de tout devrait commencer par là : que tous les enfants de Paris puissent entrer gratuitement au Louvre, et même tous ceux qui apprennent la France. Rien ne justifie qu’on fasse payer aux uns le droit d’accéder à ce qui constitue notre mémoire commune, pendant qu’on ménage les autres selon leur passeport.

La culture n’est pas un luxe, c’est un droit.

Et ce droit n’a pas de nationalité.


Une République qui commence à segmenter l’accès à la beauté selon des critères géopolitiques renie non seulement 1789, mais ce qu’elle a de plus précieux : sa vocation à l’universalité. Qu’un musée municipal ajuste ses tarifs, soit. Qu’un musée national trie les visiteurs, non. C’est une faute. Une faute morale, symbolique, presque métaphysique.


Il n’y a pas de faciès culturel. Il n’y a que des visages humains.

Et voir le Louvre - temple universel - se mettre à filtrer ces visages selon le passeport, c’est assister à une trahison en direct : celle d’un musée reniant les artistes qu’il expose, et d’une ministre transformant la culture en douane humiliée. Une gifle tarifaire adressée aux trois quarts de l’humanité



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