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La flottille qui se rêvait héroïque : entre Guernica et Love Boat

Igor Sifensarc

Un article de

Des voiles blanches et des smartphones tendus. On se filme, on s’indigne à la gîte, on lève le poing contre l’horizon. La flottille pour Gaza, qui voulait briser le blocus et réveiller les consciences, vogue désormais entre mise en scène puérile et indignation mondaine. On s’y rêve Jean Moulin des mers, marin d’Opportune, quand on n’est trop souvent qu’adolescent prolongé en croisade de selfies. Entre Guernica et Woodstock, il faut choisir !

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Igor Sifensarc

La flottille a perdu la radicalité de son origine pour dériver vers une mise en scène qui rappelle moins la tragédie que la kermesse.



Aux origines : la radicalité et le sang

Il faut pourtant se souvenir de la naissance. En 2010, la première “flottille de la liberté” partit vers Gaza avec des militants convaincus et décidés, prêts à braver la marine israélienne. L’abordage du Mavi Marmara coûta la vie à neuf d’entre eux. Tragique, brutal, indiscutable : ce geste-là avait la cohérence des causes radicales. On pouvait le contester politiquement, mais pas le réduire à une croisière. C’était une bataille, une vraie, avec ses morts et ses débats de droit international.



Le temps du glissement


Quinze ans plus tard, que reste-t-il de cette radicalité ? Le blocus, lui, s’est durci. La situation humanitaire, elle, est devenue catastrophique. Mais la flottille n’est plus qu’un rituel intermittent : quelques voiliers bariolés, quelques dizaines de passagers venus du monde entier. Dans leurs cales, peu d’aide réelle : des caisses symboliques. Sur leurs ponts, beaucoup de caméras, de slogans, de personnalités en quête de scène.


L’après 7 octobre a accentué ce virage. Le massacre commis par le Hamas, la guerre totale déclenchée par Israël, ont tout brouillé. Et c’est dans ce brouillard que les militants sincères, toujours présents, ont été rejoints puis éclipsés par des politiques en mal de tribune, des actrices en mal de rôle, des influenceurs en mal de lumière.



Croisière militante et selfie héroïque


La flottille actuelle, baptisée Global Sumud, ressemble parfois à une transat humanitaire sponsorisée par Instagram. Les organisateurs parlent de “résistance pacifique”. Mais l’image qui s’impose, c’est celle d’un Love Boat militant, une super-production en huis clos signée Endemol, le géant néerlandais de la télé-réalité (Loft Story, Big Brother) : voiles tendues comme des projecteurs, indignation bien cadrée, surjouée, peu crédible.


À bord, on se photographie le poing levé, on twitte la houle comme on commenterait un festival, on partage en direct la “périlleuse traversée”. Comme si l’héroïsme se mesurait désormais au nombre de vues. Le contraste est violent : hier, Picasso peignait Guernica en silence ; Chaplin ridiculisait Hitler dans Le Dictateur. Le risque comme le génie suscitaient l’admiration. Aujourd’hui, la croisière s’amuse et son indigence provoque la gêne.



L’indécence du simulacre


Soyons clairs : le blocus de Gaza est une réalité brutale, meurtrière. La faim et le manque de médicaments tuent. L’indignation est légitime, nécessaire. Mais la manière dont elle se met en scène interroge. Comment ne pas voir l’indécence de ces croisières indignées, où l’on s’imagine Jean Moulin en ciré, quand la mise en danger est relative et la théâtralité totale ?


On voulait croire à David contre Goliath. L’image était belle : quelques bateaux frêles face à la puissance d’un État. Mais aujourd’hui, le combat a changé de nature. Ce n’est plus la fronde qui compte, c’est l’angle de la caméra. David brandissait une pierre, les nouveaux croisés brandissent leur smartphone. La lutte héroïque s’est muée en une interminable séance de selfies. Cette posture a quelque chose de puéril, d’adolescent : ce n’est plus l’intellectuel qui prend le risque de l’exil, c’est le militant qui se poste depuis le pont, entre deux chants de guitare. Le Woodstock humide de la bonne conscience. Il ne manquerait plus que BHL, foulard au vent, pour donner au tout des airs de superproduction morale.



Un symbole qui chavire


La flottille voulait briser un mur maritime. Elle n’aura souvent brisé que le fil de sa propre légitimité. Car à force de se raconter, elle s’est trahie. À force de se filmer, elle s’est dégradée.


Le résutat est cruel : l’indignation flotte, mais l’histoire ne retiendra sans doute pas ces voiles blanches. Elle retiendra peut-être les images embarrassantes d’une croisade transformée en spectacle. De la bravoure tragique du Mavi Marmara à la croisière des indignés, l’écart est abyssal. Ils voulaient aider. Ils ont galvaudé.


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Les voix que la flottille n’entend pas
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Ils ne se connaissent pas, mais la flottille les relie. Un enfant de Gaza qui attend un bateau, un ancien militant qui ne reconnaît plus ses compagnons de voyage, un journaliste désabusé, un politique en quête de tribune, un secouriste oublié. Cinq voix qui se croisent et disent, chacune à leur manière, la distance entre l’image et la réalité.

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