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La France qu’on traverse sans la voir

Frison Gaspier

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La voiture file. Sur l’écran, la flèche bleue suit docilement le trait rose de l’itinéraire. À droite, un clocher flirte avec les arbres. À gauche, une pancarte en bois signale une “fête du boudin noir”, datée de 2022. Mais personne ne ralentit. Le GPS n’a pas prévu ça. Ce n’est pas sur la route. Ce n’est sur aucune route.

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Frison Gaspier

Le voyage moderne est une ligne droite. Un segment tendu entre deux points balisés : point A, le domicile ; point B, la promesse. Une station balnéaire, un festival électro, un parc d’attraction. Il faut y aller. Pas s’y rendre. Et encore moins traverser.


La France devient invisible. Ou plutôt : elle est filtrée. Lissée. Contournée. Ce n’est pas tant qu’on l’ignore volontairement. C’est qu’on ne la voit même plus. Trop lente, trop modeste, trop silencieuse pour exister dans la logique actuelle. Celle d’un tourisme à grande vitesse, optimisé, géolocalisé, alimenté par des bornes électriques en bord d’autoroute et des playlists Spotify estampillées “roadtrip d’été”.


Le GPS a pris le pouvoir. On le consulte plus souvent qu’une carte, un habitant ou un panneau. Il décide de tout, y compris des endroits qui n’existent plus, puisqu’on n’y passe plus. Les anciennes routes nationales sont devenues des fossiles. Le bitume y tient bon, mais les commerces meurent. Cafés aux volets clos, stations-service transformées en logements, hôtels devenus silos à souvenirs.


Et dans cette France effacée, il reste pourtant des trésors. Un lavoir en pierre avec ses géraniums. Une fresque oubliée dans une église qui sent le froid. Une fromagerie qui ouvre encore à 9h, même s’il n’y a plus que quatre clients. Des choses sans code-barres, sans influenceurs, sans file d’attente. Mais qui demandent une qualité devenue rare : le temps.


C’est là qu’interviennent les seuls résistants. Pas les “vanlifers” du dimanche qui postent leurs réchauds sur Instagram entre deux prises de drone. Faussement cool et vraiment pressés de capter un coin de nature... obligatoire. Non. Les vrais, ce sont ceux qu’on regarde à peine. Les retraités en camping-car. Pas sexy, pas bruyants, pas connectés. Mais patients.


Casquettes sur la tête et petits chiens inversement proportionnels à la taille de leurs bedaines, ils avancent doucement, s’arrêtent où bon leur semble, dorment sur la place de l’église quand la commune l’autorise, achètent leur baguette au village, et discutent parfois plus de deux minutes avec quelqu’un. Ils ne survolent pas la France. Ils la fréquentent. 


Certains même - hélas, pas tous - trient leurs déchets, ne pissent pas dehors, ramassent la crotte du chien, ne déballent pas le store, les tables et les chaises, ne se croient pas chez eux... et, pour faire simple respectent les lieux. Ce qu’ils révèlent, c’est une forme d’intelligence du territoire.


Un tourisme sans but, sans agenda, sans prétention. Un tourisme qui, sans le dire, redonne vie à des endroits promis au silence. On ne les applaudit pas. On ne les subventionne pas. Mais dans bien des cas, ce sont eux qui font tourner la boulangerie, le marché, le musée local. À condition que la commune ait eu la bonne idée d’installer une aire d’accueil. Pas payante. Ou alors, symboliquement, pour l'eau et l'électricité. Gagnant-gagnant, comme on dit maintenant pour ne pas avoir l’air ringard.


Le paradoxe, c’est que cette forme de lenteur s’accorde mal avec le récit dominant. Celui du progrès, du numérique, de la transition verte sous perfusion de lithium. La voiture électrique, elle, ne s’arrête que pour recharger. Elle choisit ses haltes selon les stations les plus rapides, les plus chères, les plus balisées. Ce n’est plus une voiture : c’est un cordon ombilical branché au réseau. Elle ne flâne pas. Elle ne dévie pas. Elle consomme. Et en cela, elle s’accorde parfaitement avec l’époque.


Alors on s’étonne que la France se fragmente. Que les centres-villes se meurent, que les campagnes votent à part, que les gens ne se comprennent plus. Mais comment comprendre un pays qu’on ne regarde plus ? Comment aimer un lieu dont on ne connaît ni le nom, ni le goût, ni la voix ?


Ce n’est pas la nostalgie qui parle ici. Juste une forme d’inquiétude. Car ce que la logique urbaine et consummériste détruit, c'est le circuit court et l'authentique, nos racines. Ce que le GPS cautionne, calcule et efface, ce n’est pas seulement une route. C’est une part de nous-mêmes.  Et à ce rythme-là, il ne restera bientôt plus que des destinations.


Des destinations… mais plus de voyage.


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