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La vache qui pleure

Nicolas Guerté

Un article de

Le Tour de France a contourné un abattage massif en Savoie. 85 vaches, 2 malades. Et un silence, plus assourdissant que la caravane.

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Nicolas Guerté

Ce 25 juillet, le peloton du Tour de France ne passera pas par le col des Saisies.

Il devait y grimper, s’y battre, faire vibrer la France. Mais l’étape a été raccourcie. D’un coup. Sans débat.

Car là-haut, un homme venait de tout perdre.

Pierre-Jean Duchêne, éleveur savoyard, avait vu son troupeau disparaître quelques jours plus tôt.

Quatre-vingt-cinq vaches abattues. Deux seulement étaient malades.


Le diagnostic portait un nom long, presque abstrait : dermatose nodulaire contagieuse. Une maladie virale à incubation lente. Les consignes sont désormais sans appel : dès qu’un cas est détecté, on abat tout.

Pas de discussion. Pas de délai. Pas de grâce. 

Pierre-Jean n’a pas assisté à l’abattage. Il n’en avait pas la force. À sa place, des représentants de la Coordination rurale ont regardé tomber ses bêtes. Christian Convers, leur secrétaire général, a résumé l’indicible : « C’est inhumain ce qui se passe. Les bêtes sont lourdes. Elles ont du mal à mourir. »


Quelques jours plus tôt, Pierre-Jean espérait encore. Il avait engagé un recours, pensé qu’on écouterait, argumenté. Mais il n’est pas le seul. À la date du 20 juillet, plus de 550 bovins avaient déjà été abattus en France, dont la majorité en Savoie. La campagne de vaccination, menée au pas de charge, peine à suivre : 700 à 800 vaches piquées par jour, pour un effet qui n’est actif qu’après trois semaines.

« Je n’ai plus de larmes en moi. Ils m’ont tout pris. Même ça. »

Aujourd’hui, son bâtiment est vide. Et lui aussi.

Son témoignage, d’une rare intensité, a été diffusé quelques jours après les faits par TF1 Info, dans un court reportage intitulé « J’ai plus de larmes en moi, ils m’ont tout pris », visible sur le site officiel de la chaîne sur ce lien.


Pendant ce temps, le Tour s’ajuste. L’organisation assume : le col des Saisies est retiré « pour préserver la sérénité de la course ». Christian Prudhomme le dit avec sincérité. Il connaît la douleur, la respecte. Mais il protège aussi le Tour, son image, sa mécanique. Une seule banderole, une action paysanne, et tout peut dérailler. Le Tour est un monument. Mais aussi une marque. Il faut qu’il passe. Il faut qu’il brille.

La caravane publicitaire et la "vache qui rit" ne passeront pas par là...


Alors on détourne la route. On évite les traces. Et surtout, on n’en parle pas. L'évitemment est général. Où sont passés les défenseurs des animaux ? Ceux qui dénoncent la corrida, les cages, les abattoirs ? Ici, 85 vaches majoritairement saines ont été tuées. Et personne n’a réagi.

Dans cette histoire, il n’y a pas eu de tribunes. Pas de soutiens. Pas de campagne.


Pas un tweet. Pas un mot. Pas une larme publique.

Le monde agricole dérange. Il sent la faillite, le suicide, la réalité brute. Il ne fait pas de bonnes images. Il ne fait pas de bons slogans. 

Alors on contourne.


Mieux on invisibilise. Emmanuel Macron annonce que la France reconnaîtra l’État de Palestine... vraissemblablement en septembre à l’ONU. Geste diplomatique ? Peut-être. Un contre-feu. Une diversion. Une façon d’occuper le haut du récit pendant que le bas gronde. Les médias se précipitent sur l'annonce d'une annonce... ils sont tellement prévisibles.


L’accord de libre-échange avec le Mercosur, lui, accélère dans l’ombre. Finalisé en décembre dernier, il attend désormais sa ratification. Macron, qui s’y opposait hier, laisse aujourd’hui entendre qu’il pourrait le signer d’ici la fin de l’année, si les “clauses de sauvegarde” convenues avec la Commission sont jugées suffisantes.

Et pendant que l’on négocie l’importation de viande sud-américaine, les éleveurs français, eux, continuent d’enterrer la leur. 


Ursula von der Leyen, symbole assumé de cette politique commerciale, a été reconduite à la tête de la Commission sans que cela ne suscite de résistance réelle. Même Manon Aubry, pourtant farouche opposante à l’accord Mercosur, n’a pas voté la motion de censure qui visait directement Ursula von der Leyen, préférant dénoncer verbalement sans aller jusqu’au geste institutionnel. Une opposition qui s’affiche, mais qui ne tranche jamais.


Et pendant qu’en France on efface une étape pour ne pas voir un éleveur s’effondrer, Manon Aubry se filme au Brésil, tout sourire, au milieu d’agriculteurs du bout du monde. Plus valorisants pour sa clientèle. Plus exotiques. Quelle indécence.


Il reste un homme en ruine. Un bâtiment vidé. Et une étape effacée.


Le Tour a contourné la douleur. Il a effacé un tronçon. C’est une allégorie. Un monde se meurt. Et même la caravane n’y passe plus.


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🐄 Carnet de deuil d’un éleveur augmenté
🐄 Carnet de deuil d’un éleveur augmenté

Ils étaient 85. Il en restait deux, malades. Les autres respiraient, mangeaient, vivaient. Mais on a décidé de tous les tuer.

Ce texte est un hommage fictif, mais terriblement réaliste, à ceux qu’on ne filme jamais : les éleveurs qui vivent le deuil de leur troupeau comme on vit une guerre intime.

Ici, la voix du paysan croise celle, froide, d’une intelligence artificielle. Entre eux, une fracture immense : celle du vivant.

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