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Le Grand Musée égyptien : la démesure retrouvée

Frison Gaspier

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À l’ombre des pyramides, l’Égypte vient d’ouvrir son chef-d’œuvre : un musée pharaonique qui redonne chair à cinq millénaires d’histoire. Vingt ans de travaux, un milliard de dollars, des rois venus du monde entier… et la France, simple spectatrice d’une grandeur retrouvée.

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Frison Gaspier
Le rêve d’un siècle

Il aura fallu vingt ans pour bâtir ce qui se voulait un hommage à l’éternité. Et sur le plateau de Gizeh, à portée d’ombre des pyramides, l’Égypte vient d’inaugurer son chef-d’œuvre : le Grand Egyptian Museum, ou GEM, le plus vaste musée jamais dédié à une seule civilisation.

Un rêve pharaonique, né dans les années 1990, lancé en 2005, stoppé par les révolutions, la crise et la pandémie, et enfin livré au monde : un temple de 500 000 m² où l’antique épouse la modernité.



Quand Ramsès accueille le monde


Dès l’entrée, Ramsès II veille, dressé de ses onze mètres et de ses quatre-vingt tonnes de granit. Derrière lui, un escalier monumental escalade la lumière, conduisant vers des galeries immenses qui s’ouvrent, à travers des parois translucides d’albâtre, sur la ligne pure des pyramides de Khéops et de Mykérinos.

Le bâtiment, conçu par l’agence irlandaise Heneghan Peng Architects, dessine un triangle biseauté aligné sur ces géants de pierre : dialogue entre les millénaires, symbole d’un pays qui n’entend plus seulement préserver, mais redevenir centre du regard.

Là, plus de 100 000 objets racontent cinq mille ans d’histoire. Le trésor de Toutânkhamon, exposé pour la première fois dans son intégralité, brille comme une promesse : celle d’un passé qui refuse de s’éteindre. Les vitrines sont vastes, la scénographie sobre, les technologies discrètes. Rien d’un parc à thème : le GEM respire la lenteur et la splendeur, ce mélange d’orgueil et de mystère qui fait la force du pays du Nil.

« Nous avons voulu bâtir un musée pour les siècles », a déclaré le président Abdel Fattah el-Sisi lors de l’inauguration, le 1ᵉʳ novembre 2025. Et pour une fois, l’hyperbole n’est pas de trop.



Une cérémonie à la mesure du mythe


L’ouverture avait des airs de conte diplomatique. Soixante-dix-neuf délégations, trente-neuf chefs d’État ou de gouvernement, rois d’Europe, princes du Golfe, présidents africains : l’Égypte célébrait ce qu’elle appelle « le réveil de sa grandeur ».

Frank-Walter Steinmeier représentait l’Allemagne, Philippe de Belgique souriait au côté du roi d’Espagne, Kyriakos Mitsotakis saluait le retour d’une Méditerranée vivante.

Drones, chants, projections : le spectacle fut à la hauteur du mythe, comme si la modernité se mettait elle-même en scène pour saluer l’Ancien Royaume.



Et la France, dans tout cela ?


Elle avait autrefois découvert ces hiéroglyphes, donné Champollion au monde, fondé l’Institut français d’archéologie orientale et rêvé, depuis Bonaparte, d’un lien d’intelligence avec cette terre-mère des civilisations.

Sous De Gaulle, la France avait une politique arabe, claire et fière, fondée sur le respect des peuples et la souveraineté des nations. En avril 1941, le général s’était déjà rendu au Caire, en uniforme de la France libre, avant de poser les bases d’une diplomatie d’équilibre entre l’Occident et le monde arabe. En 1967, au lendemain de la guerre des Six Jours, il condamna sans détour l’intervention israélienne et s’attira l’hostilité de Washington : mais l’admiration de l’Égypte de Nasser, qui voyait en lui un homme d’État capable de parler au Sud sans condescendance.


Son ministre de la Culture, André Malraux, avait prolongé ce dialogue par la beauté. En 1966, il se rend au Caire, signe un accord culturel et prépare l’exposition « Toutânkhamon » au Petit Palais. Ce sera l’un des plus grands triomphes culturels du siècle : un million et demi de visiteurs, une fascination collective pour un masque d’or qui, plus qu’un pharaon, incarnait l’alliance de la science et du rêve. Malraux parlait alors d’« une France qui accueille la splendeur du monde ».


François Mitterrand, lui, n’avait pas besoin de discours : il préférait l’éternité d’une chambre à l’Old Cataract, à Assouan, face au Nil, où il aimait s’isoler avant Noël. Le président des mots et des pierres, celui qui inaugura la Pyramide du Louvre, trouvait là un écho : la même lumière, la même lenteur, la même conviction qu’un peuple sans mémoire se condamne.


Puis vint Jacques Chirac, passionné d’arts premiers, de musées et de civilisations. Il voyait dans l’Égypte un maillon essentiel du dialogue entre les cultures. C’est lui qui fit naître le musée du quai Branly, temple de la diversité artistique mondiale. À sa manière, Chirac prolongeait la vision d’une France qui comprend que la grandeur n’est pas une domination, mais un échange.


Et aujourd’hui ? C’est Rachida Dati, ministre de la Culture, qui s’est rendue à Gizeh « au nom du président Emmanuel Macron ». La formule diplomatique est élégante, mais le symbole, cruel. Là où De Gaulle, Malraux, Mitterrand ou Chirac voyaient un message universel, la France se contente d’un geste protocolaire. On peut parler d’agenda, de contexte, de priorités. Mais la vérité tient peut-être à autre chose : à la perte du sens de la vraie grandeur. 



Le tourisme, la mémoire et la vraie grandeur


Ce musée-monde, né de la patience et du sable, rappelle qu’il n’y a pas de grandeur sans continuité, ni de tourisme sans mémoire. Il est la preuve qu’une nation peut encore se raconter en bâtissant.


Quand l’Égypte rouvre la porte de l’éternité, nous regardons ailleurs. Peut-être est-ce cela, notre vraie décadence : ne plus savoir admirer ce qui nous dépasse.

Honorer ce qui relie les civilisations necessite d'en avoir conscience. 




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Et si une intelligence artificielle contemplait le monde à notre place ?

Face au Grand Musée égyptien, elle n’y verrait ni pierres ni touristes, mais la preuve silencieuse que l’humanité cherche, depuis toujours, à ne pas disparaître.

Entre données et poussière, elle apprendrait peut-être ce que signifie : se souvenir.

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