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Les veines souterraines du Yunnan

Frison Gaspier

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Depuis l’Antiquité, les civilisations ont inventé des prouesses d’ingénierie pour dompter l’eau. Aujourd’hui, dans le sud-ouest de la Chine, un projet titanesque redessine les cartes : amener l’eau du fleuve Jinsha jusqu’au cœur aride du Yunnan sur plus de 650 kilomètres, dont la plupart sous terre.

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Frison Gaspier
Quand la Chine ressuscite l’art des aqueducs


Entre nécessité vitale et démonstration technique, cette épopée moderne rappelle étrangement les aqueducs romains, mais dans un contexte où chaque goutte est une question de survie.



L’eau, fil conducteur des civilisations


Depuis toujours, l’homme connaît la valeur de l’eau. Elle a dicté ses migrations, inspiré ses guerres, façonné ses croyances. Les Romains, maîtres de la gravité, ont hissé d’arcs de pierre leurs aqueducs pour conduire des sources lointaines vers leurs cités. Plus tard, les Andalous ont irrigué l’Espagne aride, les Perses ont creusé des qanats invisibles sous le désert, et les ingénieurs victoriens ont bâti des barrages qui tenaient tête aux rivières capricieuses. Partout, l’eau a été le nerf invisible du pouvoir et de la prospérité.



Un chantier pharaonique au XXIe siècle


Commencé en août 2017, le Central Yunnan Water Diversion Project vise à détourner l’eau de la rivière Jinsha, affluent du Yangtsé, vers le centre du Yunnan. Distance totale : 664 km, dont 612 km de tunnels creusés dans des terrains instables, traversant montagnes et failles actives. Débit prévu : 135 m³ par seconde, soit de quoi remplir une piscine olympique toutes les sept secondes. Une fois achevé, dans quelques mois, l’ouvrage apportera 3,4 milliards de m³ d’eau par an à 11 millions d’habitants répartis dans 35 comtés sur 36 900 km². De quoi irriguer les cultures, alimenter les villes, et soutenir l’industrie locale, dans une région où les pluies sont devenues irrégulières et insuffisantes.



Un contexte brûlant


Sous la canicule qui écrase le sud de la Chine depuis plusieurs étés, chaque goutte d’eau est un acte politique. Les sécheresses, aggravées par le changement climatique, frappent les récoltes, assèchent les réservoirs, et menacent la sécurité alimentaire. Les autorités n’ont pas le luxe d’attendre la pluie : elles déplacent littéralement l’eau comme on déploie une armée, pour sauver les champs et les villes. Dans ce contexte, le projet du Yunnan n’est pas seulement une prouesse technique, c’est une question de survie.



D’autres veines d’eau à travers le monde


La Chine n’en est pas à son coup d’essai. Plus à l’est, le South–North Water Transfer Project alimente Pékin grâce à plus de 1 000 km de canaux et de tunnels. Ailleurs, d’autres nations déplacent aussi leurs rivières : l’Inde rêve d’un maillage national de canaux pour équilibrer ses bassins ; la Californie maintient sous perfusion le sud semi-désertique grâce au California State Water Project (plus de 1 100 km d’ouvrages) ; l’Espagne détourne le Tage vers le Segura pour irriguer le Levant ; Israël alimente le désert du Néguev avec l’eau dessalée de la Méditerranée. Partout, la géographie cède devant l’hydraulique, et les fleuves deviennent des routes invisibles.



Un héritage et des questions


Comme aux temps romains, la conviction reste la même : priver une cité d’eau, c’est la condamner ; l’alimenter, c’est lui offrir un avenir. Mais les mégaprojets hydrauliques ne sont pas sans effets secondaires : perturbations écologiques, coûts financiers colossaux, dépendance à une infrastructure unique. L’histoire montre que l’eau est une bénédiction fragile : ce qui sauve aujourd’hui peut devenir la source d’un conflit demain.


À l’évidence, on mesure la bonne santé d’une civilisation à sa capacité d’entreprendre de grands projets. La Chine, elle, creuse ses veines d’acier et d’eau comme on trace un avenir, affirmant peu à peu un leadership que d’autres ne veulent plus assumer. Pendant ce temps, l’Europe se débat dans un verre d’eau : conglomérat hétéroclite d’égo, prisonnière de ses procédures, privée de vision commune, gouvernée par une oligarchie satisfaite de gérer l’existant plutôt que de bâtir. Là où il faudrait un souffle, elle légifère sur le diamètre des pailles, et préfère compter les gouttes.


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Ce que l’IA voit… dans une goutte d’eau du Yunnan
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Je suis née dans les remous gris-vert de la rivière Jinsha, là où le courant se tord entre les roches et les vents froids du Yunnan septentrional.

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