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Métro, Boulot, Crado !

Frison Gaspier

Un article de

Le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Frédérique Camilleri, a tiré la sonnette d’alarme début juillet : le niveau de saleté du métro marseillais est devenu inacceptable, mettant en cause à la fois les incivilités et le laisser-aller généralisé. Tandis que la RTM résilie son contrat de nettoyage avec fracas, une question subsiste : pourquoi acceptons-nous cela ? À Marseille comme à Paris, la saleté des souterrains en dit long sur notre renoncement collectif.

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Frison Gaspier

🧼 Chapeau, Marseille. On savait la ville bruyante, fiévreuse, indisciplinée. On lui pardonnait ses papiers gras sur les trottoirs, ses bancs fuyants, ses marchés humides de vie et d’ordures. Mais il fallait oser : offrir à ses habitants, comme à ses touristes de passage, un métro qui pue, colle et s’effondre moralement.


Le métro de Marseille n’a pourtant pas l’excuse de la longueur. Deux lignes, c’est peu. Il date de 1977, ce n’est pas si vieux. Et pourtant, le résultat est là : un réseau souterrain devenu une allégorie de l’abandon. Stations ternes, rampes poisseuses, odeurs stagnantes, graffitis désespérés, et partout, ce sentiment palpable de laideur et de violence.


« Chers touristes, bienvenue dans une ville aux trottoirs éventrés et à sa tradition folklorique de saleté. » ironisait récemment un lecteur de Marsactu. D’autres y voient un « racket public-privé entretenu par les rats et les sangliers ». Marseille n’a plus honte, semble-t-il. La fierté s'est glissée dans les insultes vulgaires taguées sur les murs.


Paris, de son côté, ne vaut guère mieux. Certes, la capitale entretient mieux ses apparences. Elle repeint, elle contrôle, elle fait circuler des agents “mystère” pour noter la propreté des rames comme on noterait un service client. Mais dans les faits, les chiffres sont accablants : jusqu’à 55 microgrammes de particules fines par mètre cube dans les couloirs du métro, soit trois fois les seuils recommandés. Et dans les rames du RER, parfois bien pire.


« Le métro parisien dégueulasse, odeurs de pisse âcre, pas nettoyé depuis plusieurs mois… » écrivait encore un usager cet été. Certains défendent pourtant la Ville Lumière. « Je trouve Londres bien plus sale… à Paris, les métros modernes sont propres. » Vrai, sans doute, pour la ligne 14. Mais pour combien d’autres ? 


Alors la question se pose. Pas celle du nettoyage, du contrat résilié ou du plan propreté à 70 millions d’euros. Non. La vraie question : pourquoi acceptons-nous la laideur ? Pourquoi cette tolérance française à l’enlaidissement ? Pourquoi cette banalisation de l’encrassement collectif ?


Nous vivons dans un pays où l’on proteste pour un banc déplacé, où l’on débat d’esthétique urbaine à chaque statue érigée ou kiosque démoli… mais où l’on accepte de respirer, chaque jour, des couloirs souillés, des murs recouverts de crasse, de mégots, de crachats, des sols qu’on préfère ne pas regarder.

Nous avons renoncé à l’idée d’un espace public digne.


Tant qu’il reste possible d’en sortir vite. Le métro, c’est le lieu de l’oubli, du transit, de l’acceptable médiocre. Un monde parallèle où l’on se faufile entre deux obligations, sans rien attendre d’autre que le fonctionnement minimal. Nous avons troqué la fierté du lieu contre la résignation du passage.


Et pourtant, ailleurs, ce n’est pas le cas. À Moscou, chaque station est un palais. Marbre, mosaïques, plafonds ouvragés, lustres suspendus… Des œuvres d’art quotidiennes.

À Saint-Pétersbourg, même rigueur, même éclat : stations profondes, nettes, éclairées, nettoyées quatre fois par jour, désinfectées, polies. « Toutes les stations que j’ai visitées étaient parfaitement propres, sans mendicité, sans toxicomanie, sans délabrement », rapporte un visiteur sur Tripadvisor. Pas une trace de fatalisme. Pas une once de négligence. Ce n’est pas qu’une affaire de régime, de budget ou de propagande. C’est une affaire de civilisation.


Nous avons beau nous moquer de ces métros “muséifiés”, nous savons que la vérité est là : la beauté dit quelque chose de ceux qui la choisissent. La propreté aussi. Ce que nous acceptons révèle ce que nous sommes prêts à perdre. Et quand une société abandonne la beauté de ses lieux communs, elle abandonne aussi l’idée qu’il y ait encore quelque chose à partager.


Nous avons besoin de beauté populaire.

De fierté souterraine.

De sols propres, pas seulement pour les riches.

De lustres dans les stations, pas seulement dans les salons.

La République ne devrait pas pouvoir se permettre d’être laide.

Ou alors qu’on cesse de faire semblant de l’aimer.


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À chaque station, un peuple !
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De Tokyo à New York, de Moscou au Caire, les métros racontent bien plus que des trajets. Ils révèlent une civilisation. Sa manière d’occuper l’espace, de supporter l’autre, de traiter le commun. Ce bonus propose un tour du monde en dix stations, à hauteur d’homme. Dix scènes, dix atmosphères, dix reflets d’une même question : qu’avons-nous choisi d’accepter sous nos pieds ? Certaines rames sont des palais, d’autres des décharges mobiles. Mais partout, la rame est un miroir.

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