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Paris, capitale du gonflable

Igor Sifensarc

Un article de

Place Vendôme, une grenouille géante s’est allongée sur le pavé. Gonflée d’air, gonflée d’ego, gonflée d’art.

Kermit, version XXL, trône mollement entre les vitrines des bijoutiers.

Certains y voient un geste anticapitaliste : l’icône verte, symbole d’enfance et d’innocence, qui ose s’écraser au cœur du luxe.

D’autres y voient surtout une époque qui ne sait plus distinguer le souffle du vide.

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Paris adore se donner en spectacle.

Après l’Arc empaqueté, les tulipes géantes de Jeff Koons et les ballons réfléchissants de Kapoor, voici donc la grenouille monumentale.

Chaque fois, la même mise en scène : les discours, les selfies, le QR code explicatif.

Mais il manque l’essentiel : le beau.

On ne contemple plus, on “contextualise”.

L’œuvre devient une idée, un texte, une intention ; rarement une émotion.



L’art du concept

Depuis un siècle, l’art a pris l’habitude de se penser avant de se faire.

On commente, on justifie, on théorise.

C’est une gymnastique admirable pour l’esprit, mais cruelle pour les yeux.

Car l’intelligence, quand elle ne sait plus quoi dire, s’abrite derrière le scandale :

le laid devient “subversif”, l’absurde “expérimental”.

On en vient à applaudir des performances où l’artiste s’avilit pour signifier qu’il est libre.

À force d’avant-garde, on a fini par placer l’art, loin en arrière.



Le beau, cet ancien sacré

Le beau n’est pas un luxe : c’est une forme d’ordre.

Une promesse d’équilibre, une trace de civilisation.

Nos ancêtres l’érigeaient dans la pierre ; nous le gonflons en plastique recyclable.

Le sacré, jadis sculpté dans le marbre, se vend aujourd’hui sous forme de ballons éphémères, sponsorisés par des maisons de luxe.

Kermit n’est pas un hasard : il incarne ce monde où même la grenouille philosophique sert de miroir à l’orgueil des hommes.


Bien sûr, Kermit nous est sympathique : elle fait partie de notre enfance, elle a ce côté tendre et naïf qu’on ne peut qu’aimer.

Mais de là à parler d’art… disons que c’est comme le saucisson Cochonou sur le Tour de France : joyeux, populaire, attachant.

Seulement voilà : ce n’est pas de l’art, c’est du cochon.



L’argent comme argument suprême

Le plus troublant, c’est que la seule chose qui justifie encore ces œuvres, c’est leur prix.

Plus c’est cher, plus c’est profond ; plus c’est incompris, plus c’est génial.

Les collectionneurs achètent des concepts, les musées achètent des palabres, et les passants s’habituent à l’idée que la beauté, décidément, ne vaut plus rien.

Kermit, elle, vaut beaucoup : son installation coûte des centaines de milliers d’euros.

On l’appelle anticapitaliste parce qu’elle s’écrase sur la place des bijoutiers.

Dénoncer l’argent avec une œuvre financée par lui, c’est le nouveau chic de l’intellectuel gonflé.

Cachez-moi ce fric que je ne saurais voir !

Ce sont les nouveaux Tartuffes de l’art : prêchant la pureté pendant qu’ils encaissent... sacrément (le sacré ment).



Les deux vieux du Muppet Show

Au fond, ceux qui décrivent le mieux notre époque sont peut-être Waldorf et Statler, les deux vieux râleurs du Muppet Show.

Ils ricanent, ils jugent, ils n’y croient plus.

Eux au moins n’ont pas besoin d'un faux-semblant pour critiquer.

Kermit, étalé place Vendôme, semble leur donner raison : le monde continue de s’agiter, de produire des symboles, pendant que la beauté, elle, devient sourde et muette.



Quand l’intellect remplace le beau

Dans cette fausse naïveté surjouée, il y a une vraie prétention : celle d’exister en s’opposant.

L’art, comme une adolescence prolongée, ne sait plus aimer ; il dénonce.

Il confond la profondeur avec la provocation, la sincérité avec le scandale.


À force de vouloir se distinguer du monde, il a cessé de le servir.

Il croit s’en libérer en le méprisant.

La maturité, elle, ne crie pas : elle crée, transcende et sublime.


Et tant que nos artistes préféreront se gonfler d’orgueil plutôt que d’y mettre du souffle, le beau restera, lui, ce qu’il a toujours été : une quête, un acte de foi.



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🎨 Jean-Pierre Canevas ou le grand dégonflé de l’art moderne
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Il fut un temps où Jean-Pierre Coffe hurlait contre la purée en flocon.

Aujourd’hui, un autre Jean-Pierre s’indigne, non plus devant les rayons des supermarchés, mais devant les vitrines des musées.

Il s’appelle Jean-Pierre Canevas : personnage fictif, certes, mais bien réel dans l’esprit de ceux qui n’en peuvent plus de voir le beau remplacé par le bruit.

Son combat : la malbouffe visuelle.

“On ne digère plus rien, dit-il. On avale des concepts.”

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