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Pauvreté 2025 : tout le monde en parle. Et pourtant, tout empire.

Nicolas Guerté

Un article de

15,4 %. C’est un chiffre froid, net, insensible. Un pourcentage comme un autre, perdu dans le bruit blanc des courbes et des bulletins. Et pourtant… 15,4 %, c’était le taux officiel de pauvreté en France en 2023.

Le plus haut depuis trente ans, disait l’Insee.

C’était il y a deux ans. Et depuis, cela a encore empiré.

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Nicolas Guerté

L’Observatoire des inégalités parle déjà d’un seuil frôlant les 16 % en 2025. La courbe grimpe. Les alertes se multiplient. Et l’action, elle, reste à l’arrêt. Tout le monde le sait. Tout le monde fait mine de découvrir. Et rien ne bouge.



Le seuil monte

C’est tombé en juillet 2025, comme une mauvaise grippe qu’on aurait vue venir depuis l’hiver : 2023 a été l’année de tous les reculs. Selon l’Insee, 15,4 % des Français vivaient sous le seuil de pauvreté, soit moins de 1 328 € par mois. +0,9 point en un an. Le plus haut depuis 1996.


Et encore : ce n’était qu’une estimation. L’Observatoire des inégalités évoque depuis un glissement vers 16 % en 2025, alors que plus de 5,4 millions de personnes vivraient aujourd’hui dans la grande pauvreté, sous les 885 € mensuels.


« On n’avait pas vu ça depuis les années 1970. L’écart entre les 20 % les plus riches et les 20 % les plus pauvres atteint 4,5 fois », écrivait Le Monde le 7 juillet 2025.


Ils sont jeunes, souvent. 38,5 % des étudiants sont pauvres.

« Ce sont les 18–29 ans qui payent le plus lourd tribut », souligne Politis, le 10 juillet.


Ils sont parents seuls, aussi. Une famille monoparentale sur trois n’arrive pas à joindre les deux bouts. Ils vivent à deux pas de nous, mais de l’autre côté du monde. Celui qu’on appelle, maladroitement, le tiers.



Macron, la pauvreté et le renoncement poli


Et pourtant, il y avait eu le plan pauvreté de Macron, 8 milliards annoncés en 2018. Une rhétorique d’émancipation, d’emploi, d’autonomie. Pas d’assistanat. Pas d’aumône. Du sérieux, du concret, du macronisme en gants blancs. 


Mais à l’arrivée, plus de pauvres qu’avant, et moins d’excuses.

On a parlé d’inclusion. On a financé des plateformes. On a ouvert des numéros verts. On a dépensé, sans compter, sans résultats.


Et puis quoi ? Le chômage structurel s’installe, les loyers flambent, l’inflation ronge les petits budgets comme l’acide une poignée de fer. Les prestations ne suivent pas. Les familles s’endettent pour manger.


« Le pari d’Emmanuel Macron sur la pauvreté est un échec », titrait Le Figaro, dans un article signé Pierre-Loeiz Thomas.


« Ce taux, au plus haut depuis trente ans, montre les limites d’une politique fondée sur l’autonomie plutôt que sur la solidarité. »


Et le Président de la République, disait en 2018, face caméra :

« Je ne sais pas vous dire si nous y arriverons. »

Voilà. Tout était dit.


On devait faire comme ci. On savait déjà qu’on ne réussirait pas. Et maintenant, on l’habille en fatalité économique. En complexité budgétaire. On dit : “c’est difficile.” Comme si 9,8 millions de pauvres, ce n’était pas pire...



La machine à compenser

Le plus terrible, ce n’est pas qu’on ne fasse rien. C’est qu’on fasse tant pour que rien ne change. RSA, APL, Prime d’activité, Aide médicale d’État, ADA pour les demandeurs d’asile, AME pour les sans-papiers, subventions, appels à projet, Fonds social européen… La France redistribue, réinjecte, saupoudre. On pense que le social amortit. Mais il ne corrige rien.


C’est un mur de formulaires. Un mille-feuille de structures qui vivent de ce qu’elles prétendent combattre.


Des associations s’épuisent. D’autres s’engraissent. Il y a des directeurs de centre d’hébergement qui gagnent trois fois le SMIC pour organiser la précarité. Des chargés de mission pauvreté qui n’ont jamais connu une coupure d’électricité. Une technocratie du malheur bien habillée, bien intentionnée, bien inefficace.


Dans le logement social aussi, certains vivent très bien du malheur des autres. Ils ne sont ni corrompus ni cyniques. Ils sont installés. Dans des bureaux bien chauffés, ils traitent des dossiers qu’ils ne comprendraient pas s’ils y étaient confrontés eux-mêmes. Ce ne sont pas des salauds. Ce sont des professionnels de l’attente, des techniciens de la lenteur, des petits hommes gris qui vivent de la pénurie comme d’autres vivent de l’abondance.


Ils votent bien. Toujours. Pour la justice sociale, la dignité, la planète. Ils se disent progressistes, tolérants, responsables. Ils ont lu Pierre Rosanvallon. Parfois même, ils ont pleuré devant un film de Ken Loach...


Mais jamais ils ne formuleront clairement ce que beaucoup pressentent : qu’une immigration devenue massive, parfois clandestine, alourdit les fragilités, accentue les tensions, appauvrit les plus pauvres.


Le tabou se mue en évitement stratégique.


Ils préfèrent penser que tout est question d’accueil, de mixité, de vivre-ensemble. Et tant pis si derrière les grands mots, ils trouvent leur confort : nounous sous-payées, repas livrés en scooter, femmes de ménage invisibles. La pauvreté, ils la dénoncent. Mais toujours à distance. Et jamais là où elle les sert.



Quand les pauvres se taisent, ils disparaissent


Les pauvres ne crient pas. Ils patientent. Ils remplissent des dossiers. Ils attendent une place en crèche, un rendez-vous CAF, une réponse à un recours RSA rejeté pour 12 euros de trop. Pendant ce temps, l’État loge en urgence ceux qu’il craint : les plus visibles, les plus bruyants, les plus médiatisables.


Une dame âgée de 72 ans, veuve, 990 euros de retraite, dort dans sa Twingo. Un demandeur d’asile, mineur présumé (et tout le monde sait qu’il ne l’est plus) est logé à l’hôtel à 47 euros la nuit. Ce n’est pas un scandale. C’est une dissonance. Et elle a détruit la confiance.


La misère, aujourd’hui, est moins photogénique. Elle ne fait pas de feu de poubelles. Elle rate ses emprunts à la fin du mois. Elle n’a pas les codes. Elle se tait.



Tout le monde savait. Tout le monde s’en est accommodé.


Depuis 50 ans, aucune politique structurelle n’a réduit durablement la pauvreté.


Sauf peut-être, brièvement, entre 2000 et 2004. Une embellie discrète. Le taux de pauvreté passe de 13,6 à 12,5 %, son taux le plus bas 2003. Le fruit de politiques familiales cohérentes, de l’emploi féminin, d’un État encore, un peu, debout. Et d’un Président, Jacques Chirac, qui sans être réformateur, semblait encore aimer les gens. Les vrais. Ceux qui ne manifestent pas. Ceux qui ont honte de demander...

Il s'était souvenu que Philippe Seguin avait théorisé les "fractures sociales", en 1995. Il ne l'avait pas tout à fait oublié.


Et puis, plus rien. En 2020, quand le Covid menace, l’État verse à tout-va pour éviter les émeutes et s'assurer que tout le monde est bien vacciné : « L’aide devient une stratégie d’endormissement collectif. »


Et dès que le calme revient, les robinets se referment. Les chiffres remontent. « Un ruissellement de pauvreté, pas de croissance », notait encore Politis, le 10 juillet 2025.


15,4 %. Un chiffre froid. Mais en creux, il dit tout. Il dit une société qui tolère l’indigne, tant qu’il reste discret. Il dit une République épuisée, hypocrite, hors-sol. Il dit qu’on ne veut pas résoudre, juste retarder l’effondrement. Avec des chèques, des associations, des mots. 



Et maintenant ? Rien. Comme d’habitude.


Le Monde l’écrit. Le Figaro le confirme. El País s’en inquiète. Même Politis trouve les mots.

Tout le monde en parle.

Et pourtant, tout empire.


Il n’y aura pas de loi. Pas de cap. Pas de réforme.

On ouvrira quelques places d’hébergement. On refera une circulaire.

On financera une campagne. On parlera “d’égalité des chances”.

Et puis on attendra le prochain rapport.


Peut-être qu’un jour, ça ne tiendra plus.

Mais on aura alors une cellule de crise.

Un dispositif exceptionnel.

Un Grenelle !

On inventera un sigle, un comité, un site internet.

Et pendant ce temps, la dame âgée aura quitté sa Twingo. Définitivement.


La pauvreté est là. Assise. Sans bruit.

Et elle regarde la République détourner les yeux.

"Car quand il n’y a plus de Nation, il n’y a plus de honte."


Même la gauche, surtout la gauche, lui préfère des combats plus sexy : la Palestine, l’écriture inclusive, le climat, les trotinettes partagées, les minorités du bout du monde... Des combats importants, bien sûr, mais qui évitent l’humiliation locale, l’indignité d’à côté, la misère d'ici qui ne fait pas de buzz.


“Pourtant seuls, seuls sur terre… Ils vont sans maison, sans raison.”


La pauvreté n’a pas de drapeau. Pas de slogan. Pas de selfie. Personne ne défile pour elle.

Alors elle attend. Seule. Dans le froid. 

Elle attend son tour. Qui ne viendra pas.


🎵 À écouter après la lecture : “Jésus” de Laurent Voulzy, une chanson écrite pour ATD Quart Monde, sur les plateformes officielles ou via ce lien YouTube (extrait public).


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