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🧳 Bordeaux–Lyon : pourquoi la France contourne ses propres villes

Frison Gaspier

Un article de

Le projet d’une ligne rapide entre Bordeaux et Lyon revient dans le dĂ©bat public, sans calendrier totalement confirmĂ©. Une certitude, pourtant : la liaison envisagĂ©e contournerait une nouvelle fois le Massif Central, laissant de cĂŽtĂ© Clermont-Ferrand et Saint-Étienne. Une dĂ©cision qui interroge autant la cohĂ©rence du rĂ©seau que l’égalitĂ© des territoires.

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Frison Gaspier
Un projet encore flou, mais déjà révélateur


Il existe des histoires qui racontent plus que des rails : elles racontent une maniĂšre de penser le pays. Celle du futur Bordeaux–Lyon en fait partie. Une ligne haute vitesse, annoncĂ©e pour 2027, mais qui accomplira un exploit olympique : parcourir 930 kilomĂštres pour relier deux mĂ©tropoles distantes de 430 Ă  vol d’oiseau, sans jamais traverser le cƓur gĂ©ographique du pays. Éviter Clermont-Ferrand. Contourner Saint-Étienne. Ignorer Roanne, Montluçon, Vichy, Moulins. Faire comme si le Massif Central n’existait pas.


On appelle ça un trajet. Mais c’est plutît une philosophie.



L’ancienne transversale : un siĂšcle oubliĂ©


Pendant un siĂšcle, pourtant, une grande ligne Est-Ouest a existĂ©. On l’appelait tout simplement Bordeaux–Lyon par l’Auvergne. Les trains y serpentaient entre les plateaux, reliaient les villes moyennes, vidaient les campagnes sans les abandonner. C’était lent, parfois bancal, souvent poĂ©tique. Et puis les annĂ©es 1980 sont arrivĂ©es avec leur dogme : la vitesse comme religion, la mĂ©tropole comme horizon, la rentabilitĂ© comme unique vĂ©ritĂ©.


Aujourd’hui, la SNCF nous promet un TGV moderne, fluide, compĂ©titif. Il passera par Poitiers, Massy (bref, Paris), et fera le grand arc pour rejoindre Lyon en longeant deux mers de bitume. Le Massif Central, lui, restera ce qu’il est devenu : un blanc sur la carte, un angle mort du rĂ©seau, un territoire dont l’existence semble dĂ©ranger plus qu’elle n’intĂ©resse.



Clermont et Saint-Étienne : deux gĂ©antes effacĂ©es


Pourtant, une Ă©vidence saute aux yeux : Clermont-Ferrand (300 000 habitants) et Saint-Étienne (500 000 habitants) ne sont ni des hameaux ni des accidents gĂ©ologiques. Ce sont de vraies agglomĂ©rations, des bassins industriels, universitaires, culturels, sportifs. Les oublier n’est pas neutre. C’est un choix. Un choix qui rĂ©sonne comme une gifle pour ceux qui, chaque jour, avalent des kilomĂštres d’autoroute faute d’alternative.



L’écologie dans la diagonale du vide


Et l’écologie dans tout ça ?

Un Lyon–Bordeaux Ă  930 km, c’est une Ă©quation absurde. Le TGV, censĂ© rĂ©duire la dĂ©pendance Ă  la voiture et Ă  l’avion, impose paradoxalement le contraire : rallonger les distances, saturer les aires de covoiturage, maintenir des vols domestiques que l’on prĂ©tend vouloir supprimer. CoĂ»t carbone, trafic routier, fracture territoriale : tout y est, dans un bel emballage marketing.



Le dogme français de la grande vitesse

On entend souvent : “Mais refaire la ligne historique, ce serait trop cher !” Oui, moderniser l’ancienne transversale, c’est de l’argent. Plusieurs milliards. Mais moins qu’une LGV. Et surtout, plus utile Ă  ceux qui vivent lĂ , entre deux mĂ©tropoles que les cartes officielles semblent avoir oubliĂ©es. Moderniser n’est pas impossible. C’est juste non prioritaire dans un pays obsĂ©dĂ© par le prestige des lignes Ă  300 km/h.



Et si la vraie modernité passait par les anciennes lignes ?


Alors Bordeaux–Lyon, en 2027 ?

Oui, probablement.

Rapide ? Peut-ĂȘtre.

Judicieux ? Pas sûr.

Équitable ? Non.

Cohérent ? Encore moins.


Parce que cette ligne raconte quelque chose de plus profond que ses kilomĂštres : elle rĂ©vĂšle une France qui relie ce qui brille et contourne ce qui vit. Une France qui prĂ©fĂšre traverser trois rĂ©gions plutĂŽt que deux, allonger la route plutĂŽt que s’arrĂȘter dans les villes qui en auraient besoin. Une France qui confond vitesse et progrĂšs, TGV et justice territoriale.


À l’heure oĂč chacun parle “transition”, “sobriĂ©tĂ©â€, “rééquilibrage”, on aurait aimĂ© une autre histoire : celle d’un pays qui assume son centre, qui retisse ses horizontales, qui se souvient qu’un rĂ©seau ferroviaire n’est pas un podium de classe mais un service public.


Peut-ĂȘtre qu’un jour, un train pour Bordeaux passera Ă  nouveau par Clermont-Ferrand. Et que ceux qui monteront Ă  bord dĂ©couvriront que la modernitĂ© n’est pas toujours au bout des lignes droites, mais dans le courage de savoir faire nation.



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Le réseau oublié
 Le réseau oublié

Quand on demande Ă  une intelligence artificielle de redessiner le rĂ©seau ferroviaire français, elle ne commence pas par les TGV ni par les mĂ©tropoles. Non. Elle ouvre les archives. Elle observe les cartes de 1925, 1958, 1973. Elle compare. Elle superpose. Et elle voit quelque chose qui Ă©chappe souvent aux humains : les trous. Les vides. Les effacements. LĂ  oĂč, autrefois, la France Ă©tait cousue serrĂ©e, elle dĂ©couvre aujourd’hui des coutures arrachĂ©es. Des villes moyennes sĂ©parĂ©es comme des membres qu’on aurait oubliĂ©s de recoudre. Elle ne comprend pas. Elle demande : « Que s’est-il passĂ© ? Une catastrophe naturelle ? Une bombe ? » Et la France rĂ©pond, un peu gĂȘnĂ©e : « Non, rien de tout ça. Nous avons seulement suivi la mode. »

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