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Quand tout est nazi, plus rien ne l’est !

François Singer

Un article de

À force de traiter l’autre de « nazi » pour un simple désaccord, on banalise l’indicible et on insulte l’Histoire. Ce mot n’est pas une injure ordinaire : il désigne un projet d’extermination. L’oublier, c’est perdre le sens même du débat démocratique.

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François Singer

Il y a des mots qui devraient rester sacrés.

Non pas intouchables au sens religieux, mais intouchables parce qu’ils portent la mémoire d’une tragédie humaine que rien ne devrait banaliser. « Nazi » fait partie de ces mots. Il désigne une idéologie totalitaire, une organisation politique, un système d’oppression et d’extermination qui a conduit à la Shoah et à la mort de millions d’êtres humains. L’utiliser à tout bout de champ, pour discréditer un adversaire ou pour exprimer un simple désaccord, n’est pas seulement une faute de goût. C’est une faute morale.


Depuis quelques années, le mot est partout. Une décision politique déplaît ? « Nazi ». Une règle sanitaire contraignante ? « Nazi ». Un opposant qui pense autrement ? « Nazi ». L’insulte fuse, instantanée, automatique, sans nuance. On ne discute plus, on disqualifie. Et dans ce réflexe pavlovien, c’est toute une mémoire qui se trouve abîmée.


Car ceux qui ont connu le nazisme savaient ce qu’ils disaient lorsqu’ils prononçaient ce mot. Pour eux, il ne s’agissait pas d’une simple injure, mais d’une réalité vécue. Le père alsacien incorporé de force dans la Wehrmacht, le grand-père résistant déporté en camp, la mère qui avait vu passer les colonnes de blindés : pour ces générations, parler de nazis, c’était parler de la mort, de la peur, de la destruction organisée d’un continent. On en parlait rarement, et toujours avec gravité.


Dois-je évoquer ici la mémoire de mon père, né en 1932 à Saint-Omer dans le Pas-de-Calais ? Sa maison occupée par les Allemands, une fratrie de neuf enfants marquée à jamais par la guerre, réfugiée dans la cave et tétanisée sous les bombardements. C’était cela, le quotidien de ceux qui ont grandi dans l’ombre nazie : la peur, le manque, l’humiliation. Comment pourrait-on comparer ce vécu à une simple divergence d’opinion ou à une querelle politique contemporaine ?


Aujourd’hui, l’exagération est devenue règle. L’histoire s’estompe, les témoins disparaissent, et le mot s’effondre sous le poids de son usage abusif. Employer « nazi » pour qualifier un désaccord ou une divergence d’opinion, c’est commettre une double erreur. D’abord une erreur de langage : on perd la précision, on efface les nuances, on appauvrit le vocabulaire. Ensuite, une erreur de pensée : en assimilant tout à l’horreur absolue, on finit par ne plus rien distinguer. Si tout est nazi, plus rien ne l’est.


Pire encore : traiter l’autre de nazi pour le réduire au silence, c’est paradoxalement adopter une attitude fascisante. Car le nazisme, c’était justement cela : nier l’autre, le déshumaniser, l’empêcher d’exister en tant que sujet pensant. Quand le débat démocratique se transforme en champ d’invectives où l’adversaire n’est plus qu’un « nazi », c’est la démocratie elle-même qui se vide de sens.


Il faut mesurer l’absurdité de ces comparaisons. Comment peut-on mettre sur le même plan un désaccord politique, même vif, et un système qui a programmé l’extermination d’un peuple ? Comment peut-on comparer la violence verbale d’un échange en ligne avec la mécanique industrielle des chambres à gaz ? Ce décalage est non seulement choquant, il est insultant pour les victimes et leurs descendants.


Ce dévoiement du mot révèle au fond une crise plus large : celle du langage. Réduire l’adversaire à « nazi », c’est reconnaître qu’on n’a plus d’arguments, plus de nuances, plus de culture. C’est une pauvreté intellectuelle inquiétante, une paresse qui traduit l’incapacité à penser la complexité du monde.


Notre jeunesse, dans sa radicalité pubère, brille par son inculture.

Beaucoup ignorent que le fascisme est né en Italie, sous les traits de Mussolini, ancien socialiste et journaliste au journal Avanti!. Ils ne savent pas qu’Hitler a fondé le national-socialisme, que Laval a rejoint Pétain, que la SFIO de l’époque comptait ses ambiguïtés, et que même Mitterrand a porté la francisque de Vichy avant de se rallier à la Résistance. Croire que le simple fait d’être de gauche suffit à se draper dans la vertu et à jeter l’anathème sur tout ce qui penche à droite comme étant « nazi » est une imposture historique.


D’ailleurs, les premiers résistants gaullistes ne sortaient pas des rangs de la gauche révolutionnaire, mais bien souvent de milieux conservateurs, monarchistes ou aristocratiques : comme en Angleterre, où ce fut Churchill, chef des Tories, qui incarna la résistance à Hitler. Ce furent d’abord des officiers, des catholiques fervents, des patriotes issus de familles traditionnelles qui, les premiers, refusèrent la capitulation et rejoignirent De Gaulle à Londres. Ce n’est que plus tard que la Résistance s’est élargie à toutes les sensibilités : socialistes, radicaux, syndicalistes, communistes après 1941. L’Histoire, elle aussi, a des causes à ses maladies. Et seul un bon diagnostic permet de la comprendre en profondeur.


L’actualité récente l’a illustré avec une violence surréaliste. L’assassinat de Charlie Kirk, tué à bout portant, a sidéré l’Amérique et choqué le monde. Mais c’est en France que la cérémonie d’hommage - empreinte de recueillement, proche d’une veillée de prière - a été comparée sans vergogne à un meeting nazi. Comment peut-on en arriver à un tel niveau d’intolérance et de confusion morale ? Est-ce qu’un simple désaccord, même profond, justifie la mort de l’autre ? Et comment ceux qui se réjouissent de l’abolition de la peine capitale peuvent-ils applaudir à l’exécution d’un opposant idéologique tout en lui reprochant sa propre violence ? Où est la cohérence ?


Il est urgent de réapprendre à débattre sans écraser l’autre, de retrouver la richesse des mots et la rigueur de l’histoire. Le nazisme n’était pas une simple opinion, c’était un projet de domination et d’anéantissement à l’échelle mondiale. Ne l’oublions jamais. Et ne permettons pas que ce mot, à force d’être galvaudé, perde la force de mémoire et d’alerte qu’il contient encore.


Car le jour où « nazi » ne dira plus rien, nous aurons perdu plus qu’un mot. Nous aurons perdu un rempart contre la répétition de l’histoire.


Post-scriptum : Parce que ce qui est dit dans cet article est aujourd’hui essentiel, si vous en ressentez l’urgence, partagez-le. Et pourquoi pas, soutenez TSVmag.


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